Décidément, avec un taux d’inflation à deux chiffres, une situation de la trésorerie de l’Etat trop critique et une dette insoutenable, entre autres. Il faut dire que la situation économique et financière de la Guinée d’avant le 5 Septembre 2021 était inquiétante. Pour donc y faire face, les nouvelles autorités guinéennes à leur tête, le Colonel Mamadi Doumbouya ont engagé de grandes reformes dans ce secteur stratégique et pourvoyeur de fonds. Aujourd’hui, les résultats sont promoteurs.

Faut-il le rappeler, le 5 Septembre 2021, à la surprise de tous, des militaires dirigés par le Colonel Mamadi Doumbouya, patron des Forces Spéciales, ont décidé de mettre fin au régime d’Alpha Condé qui, en réalité, était à sa première année de son 3è mandat.
Les raisons invoquées pour justifier ce coup de force ont été sans ambages : « Une succession de crises sociopolitique et économique qui se sont traduites par le dysfonctionnement du cadre macroéconomique de l’Etat ».
Au fond, la situation économique et financière de notre pays était plus catastrophique qu’on ne le croyait avec « un taux d’inflation de 13,5% en août 2021, un déficit budgétaire (hors dons) de 3,1% en 2020, une situation de la trésorerie en position négative de GNF 2.016 milliards contre un plafond de la soutenabilité de la dette et une forte accumulation d’arriérés intérieurs, un faible niveau d’exécution des dépenses d’investissement du BND, une dépréciation de 6,3% du franc guinéen par rapport au dollar, un taux d’absorption des financements extérieurs de 35,5% et un taux de pauvreté de 44% en 2019, en dépit de la forte croissance économique enregistrée au cours de la période… ». Vraiment regrettable !
Voilà les grands défis que les nouvelles autorités devraient relever, sinon leur coup d’Etat n’aurait aucun sens. Conscientes, certes, de cet état de fait, celles du département de l’Economie et des Finances se sont mises à la tâche, conformément à leur lettre de mission.
Ainsi, les actions phares ci-après ont été réalisées :
D’abord, il a été question de l’élaboration du Plan de Relance de l’Economie (PRE) et le renforcement du cadre d’analyse macroéconomique. Ensuite, l’institutionnalisation et la systématisation des revues des différents portefeuilles de projets et programmes et leur évaluation sur le terrain. Sans compter que la reprise de la coopération dans le cadre des appuis projets avec les principaux bailleurs de fonds (Banque mondiale, BID, BAD et AFD) à hauteur de 400 millions USD et la signature de la Convention d’utilisation des DTS reçus du FMI (284 millions USD) était nécessaire. Au titre de ces reformes, il faut aussi noter l’apurement des arriérés intérieurs de l’Etat et la réduction de l’endettement du trésor auprès de la BCRG dont la situation est redevenue positive en faveur du trésor de l’ordre de GNF 643 milliards. Surtout, la mobilisation exceptionnelle des recettes non fiscales à hauteur de 83 millions USD enregistrée et l’amélioration substantielle du niveau d’exécution financière des budgets de fonctionnement et d’investissement sur BND (Budget National de Développement), sans parler de la mise en conformité de 70 organismes publics dans le cadre de la gestion du portefeuille de l’Etat, en plus de la conception et le développement d’une plateforme électronique transversale de gestion du système de passation des marchés publics et de la mise en place d’un système intégré de gestion de la comptabilité et de la trésorerie de l’Etat. Ce qui est aussi remarquable dans ces reformes, c’est l’implémentation d’un système de gestion et d’analyse de la dette et l’élaboration d’un règlement général sur la gestion budgétaire et la comptabilité des collectivités. N’oublions pas la mobilisation de l’épargne intérieure par l’émission des premières Obligations du Trésor à hauteur de1800 milliards GNF. Dans le même registre, il a été effectué le recensement de toutes les valeurs inactives au niveau des départements ministériels et le renforcement de capacité de 40 cadres en planification stratégique axée sur les résultats, de cent cinquante (150) cadres sur les procédures du contrôle financier, de cent vingt (120) agents comptables, de quarante-un (41) trésoriers préfectoraux et receveurs communaux et de huit (08) trésoriers régionaux et comptables principaux centraux sur la comptabilité à partie double, de vingt (2)0 cadres sur la modélisation, de 40 formateurs en analyse économique et financière des projets de développement et en conduite des études de faisabilité et de cent treize (113) cadres dans les métiers de finances publiques.
Par ailleurs, il y a eu l’élaboration du manuel de procédure du département, la conception d’un programme de formation et de perfectionnement des cadres du département, l’élaboration de la Stratégie d’Endettement de la Dette à Moyen Terme. A signaler que ce document élaboré par la Guinée couvre la période 2023-2027 et prévoit de mettre en œuvre le plan d’endettement du gouvernement à moyen et long terme dans le but de parvenir à une composition optimale du portefeuille de la dette publique et à couvrir de façon efficiente l’important besoin de financement que nécessite le programme d’infrastructures du gouvernement. Aussi, la production du bulletin statistique trimestriel avec le SYGADE, permet de présenter périodiquement les données de la dette de l’administration centrale en tenant compte des caractéristiques du portefeuille et de certains indicateurs de l’économie mondiale.
Plus loin, l’audit institutionnel du cadre organique de la DND-APD qui permet d’établir un état des lieux du système de gestion de la dette et d’identifier le besoin de renforcement de capacités institutionnelles et techniques, de définir les nouvelles orientations au regard des enjeux et défis et d’établir un plan d’action réaliste et réalisable. Et que dire du lancement de la mission conjointe d’évaluation de la situation financière des Organismes Publics, de la révision de la loi 056 portant gouvernance financière des sociétés et établissements publics, de la production du tableau de bord pour le suivi des actifs de l’Etat (SYSOP), un outil innovant de gestion des organismes publics (OP) qui permet de suivre en temps réel les acquittements de dividendes et l’enregistrement des états financiers des OP, de réaliser les analyses économiques et financières et archiver pendant dix (10) ans les données et informations comptables ?Toujours dans ces reformes économiques et financières, notons le déploiement des cadres au niveau des services déconcentrés du cadastre pour une meilleure mobilisation des recettes, l’interfaçage du SCIE avec SYDONIA et T-24. Bien entendu, le SCIE est un outil de reporting et de recevabilité qui permet de produire à temps des comptes de gestion des comptables publics, la balance générale des comptes de l’Etat et le CGAF en vue de l’élaboration des lois de règlements.