Amadou Oury Bah réputé proche des militaires au pouvoir a été nommé, le mardi 28 février 2024, Premier ministre, Chef du Gouvernement. La nomination de cet homme politique intervient pendant que le pays traverse une crise sociale marquée par la hausse des prix des denrées de grande consommation causant en partie, la grève des travailleurs, et au lendemain de la dissolution du gouvernement du Docteur Bernard Goumou qui a affiché sa division de manière spectaculaire. Le leader de l’UDRG saura-t-il mettre en place une équipe soudée, regardant dans la même direction, et capable de désamorcer la crise sociale venue aggraver celle qui oppose depuis plusieurs mois, les militaires à une partie de la classe politique et de la société civile ?

D’abord, il faut reconnaître que l’ancien ministre de la réconciliation nationale du Général Lansana Condé a un grand atout : sa large connaissance de la scène politique nationale. Ce sera indiscutablement le premier moyen dont il devra se servir pour aborder l’ensemble des crises que connait son pays. Mais cela passera par la nomination des hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

Une équipe soudée, regardant dans la même direction, il importe de le souligner, est différente d’une association de personnes préoccupées par les intérêts personnels. Le leader de l’URDG a l’obligation de s’entourer de personnes soucieuses des conditions de vie des Guinéens. Peu importe leur appartenance ethnique ou leur obédience politique.

Si avant sa nomination, Amadou Oury Bah soutenait que « la grève (du mouvement syndical guinéen) n’est pas opportune », en tant que Premier ministre, responsable du dialogue politique et social maintenant, il devrait avoir une lecture du mouvement de grève tout au moins acceptable par les syndicalistes. Quoi qu’on dise, aucun de ces leaders syndicaux à l’origine de la grève qui paralyse le pays n’est étranger à la situation que traverse la Guinée depuis un bon moment. Ils pourraient juste avoir besoin d’assurance. Le plus important pour le moment est réussir à mettre tout le monde autour de la table. Ce qui n’est pas possible avec des propos va-t-en-guerre.

L’autre chantier qui attend le successeur du Docteur Bernard Goumou est la poursuite du cadre de dialogue national avec tous les acteurs sociaux et politiques autour de la table. Amadou Oury Bah doit baliser ce chemin incontournable pour le processus électoral qui va conduire au retour à l’ordre constitutionnel. Certes son inimitié avec les acteurs des Forces Vives de Guinée va peser en sa défaveur mais sa proximité avec les militaires pourrait l’aider à faire passer auprès de ces derniers certaines revendications des premiers.

En attendant, comme nous le disions tantôt, tout va se jour autour de la nomination des membres du nouveau gouvernement.

 

Ousmane Bony Sylla