Dans un geste hautement symbolique et salué des deux côtés de la Méditerranée, l’Assemblée nationale française a voté à l’unanimité, ce lundi, un projet de loi autorisant la restitution à la Côte d’Ivoire d’un trésor culturel d’une valeur inestimable : le tambour parleur Djidji Ayôkwé. Ce bien, saisi en 1916 par l’armée coloniale, va enfin regagner sa terre d’origine, plus d’un siècle après avoir été spolié.
Ce tambour impressionnant, mesurant trois mètres de long et pesant près de 430 kilogrammes, n’est pas un simple instrument musical. Il occupait un rôle central dans la vie sociale et spirituelle des communautés ivoiriennes, notamment chez les peuples Akan. Utilisé pour transmettre des messages à distance grâce à des rythmes codés, il servait également à convoquer les assemblées, à marquer les rites religieux, ou encore à alerter les populations en cas de danger.
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a présenté ce texte devant les députés en rappelant qu’il s’inscrit dans la continuité du discours historique prononcé par le président Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017. Ce discours avait marqué une volonté claire de “renouveler en profondeur les relations entre la France et l’Afrique”, notamment à travers un engagement ferme en faveur de la restitution du patrimoine africain injustement détenu dans les collections publiques françaises.
“Restituer ce tambour, c’est reconnaître une mémoire blessée, c’est aussi poser un acte de justice et de respect envers le peuple ivoirien”, a déclaré Rachida Dati devant l’Assemblée.
Cette restitution s’ajoute à plusieurs démarches similaires entreprises depuis 2021, visant à réparer les séquelles de la colonisation à travers le retour d’œuvres emblématiques. Le Djidji Ayôkwé, une fois revenu en Côte d’Ivoire, sera exposé au Musée des Civilisations d’Abidjan, où il retrouvera une place centrale dans le récit historique et culturel du pays.
Du côté ivoirien, cette décision est accueillie avec émotion et reconnaissance. Elle représente un pas de plus vers la réappropriation de l’héritage ancestral africain, longtemps confiné derrière les vitrines des musées occidentaux.