Si la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) n’est pas encore meublée, l’opération de traque des biens mal acquis, elle, pourrait se mettre en branle. En tout cas, l’Agent judiciaire de l’Etat a annoncé ce soir via la télévision nationale avoir été saisi d’un certain nombre de dossiers qui pourraient donner lieu à des poursuites pénales. En l’occurrence, selon Me Mohamed Sampil, il s’agit de dossiers relatifs à des sorties massives de fonds, dans le sillage du dégel récent des comptes publics. Au total, 75 dossiers dans lesquels les personnes mises en cause n’ont pas pu justifier les montants décaissés, ont été transmis à l’Agence judiciaire de l’Etat. Des dossiers parmi lesquels ceux impliquant le président de la Haute autorité de la communication (HAC), Boubacar Yacine Diallo, mais aussi l’ancien Directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), Dr. Sakoba Keïta. 

Quand, à la suite du gel des comptes publics, intervenu au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre, le président de la Transition, pour des raisons d’intérêt public, a décidé de dégeler les mêmes comptes, « certaines structures étatiques en ont profité pour procéder à des sorties massives de sommes plus que ce qui était nécessaire pour les dépenses prévues« , dit Me Mohamed Sampil, l’Agent judiciaire de l’Etat. Or, poursuit-il : « Des vérifications ont permis de constater pour certains, des écarts injustifiés à date, en dépit d’un long délai qui avait été accordé pour les personnes concernées« .

Et au nombre des 75 dossiers dont l’Agent judiciaire de l’Etat a été saisi, on a ces quatre premiers :

  • Le directeur général de l’Institut de recherche agronomique de Guinée (IRAG) et son comptable ;
  • Le président de la Haute autorité de la communication (HAC) et son comptable ;
  • La directrice générale du port autonome de Conakry (PAC) et son comptable ;
  • L’ex-directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) et son comptable ;

Se prévalant du « soutien sans faille et de l’accompagnement total du chef de l’Etat« , Me Mohamed Sampil assure que les actions qui vont être engagées ainsi que celles qui vont suivre, « continueront jusqu’à leur dénouement judiciaire définitif« . « Personne ne sera protégé« , insiste-t-il. Il promet en outre que l’opération de récupération des biens indument subtilisé à l’Etat ira au-delà des frontières nationales. C’est pour cela que Me Mohamed Sampil a appelé à la solidarité et à la collaboration des partenaires bi et multilatéraux, des pays amis et des ONG spécialisées dans la traque des biens mal acquis. « Le chef de l’Etat tient à la récupération des avoirs et biens à l’étranger, provenant des détournements de fonds au préjudice de l’Etat guinéen« , assure-t-il en effet.

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