Désormais définitivement libre, Laurent Gbagbo prépare activement son retour en Côte d’Ivoire, où l’attendent avec impatience ses partisans. Et la plaie ouverte par sa brutale éviction n’est pas refermée.
La politique est un métier à risques où, comme le disait Nelson Mandela, « l’option prison fait partie du contrat ». Définitivement libre le 31 mars à l’issue d’un long processus judiciaire si mal ficelé par le bureau de la procureure Fatou Bensouda qu’il a parfois tourné à la palinodie, Laurent Gbagbo rejoint le club restreint des chefs d’État (ex ou actuels) vivants dotés d’une expérience carcérale : les Sud-Africains Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, le Nigérian Muhammadu Buhari, le Guinéen Alpha Condé, le Tchadien Hissène Habré et le Soudanais Omar el-Béchir – les deux derniers cités étant toujours derrière les barreaux.
De leur période de détention, aucun n’est sorti brisé et tous ont hérité de la privation de liberté une forme de résilience et de détermination à part. Après huit années de prison et deux ans de quasi assignation à résidence, Laurent Gbagbo, 75 ans, s’apprête donc à regagner sa terre natale, nimbé aux yeux de ses partisans de l’auréole du héros et, très vraisemblablement, habité par le désir de renouer avec le fil de ce qu’il estime être son destin et l’histoire de son pays, tous deux confondus et brutalement interrompus le 11 avril 2011.
JA.