Le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi lors d’une visioconférence la suppression de l’ENA et son remplacement par un Institut du Service Public.Adieu les « Enarques »: comme il l’avait promis après la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu’il allait « supprimer l’ENA » pour la remplacer par un « Institut du service public » et réformer la carrière des hauts fonctionnaires, pour un Etat plus ouvert, plus divers et plus agile. On ne verra plus de jeunes de 25 ans propulsés à des postes à haute responsabilité: les diplômés de l’ISP devront d’abord passer plusieurs années dans des fonctions opérationnelles sur le terrain avant de pouvoir accéder aux postes de direction, a expliqué le chef de l’Etat, lui-même énarque. « Le président ne souhaite pas que des personnes qui n’auraient jamais exercé auparavant » viennent « du haut de leur trentaine asséner des sentences et distribuer des bons et mauvais points », a souligné un conseiller.
La prestigieuse Ecole nationale d’administration, qui depuis 1945 fournit au pays ses plus hauts dirigeants, y compris quatre des six derniers présidents, était devenue le symbole d’un entre-soi au pouvoir – « l’énarchie – qui alimente ressentiments et soupçons. Le 25 avril 2019, Emmanuel Macron avait créé la surprise en annonçant la suppression de l’ENA et la fin des grands corps (Conseil d’État, Cour des Comptes, Inspection des finances, Mines, Ponts etc.). Devant les 600 cadres de la haute administration réunis en visioconférence pour la Convention managériale de l’Etat, il a déclaré jeudi que le nouvel ISP assurerait le socle de formation commun de tous les élèves administrateurs de l’Etat. Qu’ils soient préfets, ambassadeurs, recteurs ou directeurs des administrations et des grands corps.
« L’ISP sera aussi le centre de formation continue des hauts fonctionnaires »
L’ISP devra « sélectionner des profils moins déterminés socialement », a-t-il dit. Il intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public. Ce sera « une révolution profonde en terme de recrutement », a souligné le chef de l’Etat. Il faut « réconcilier nos concitoyens avec le sommet de l’Etat et, ce faisant, avec l’action publique », a ajouté Emmanuel Macron, très attaché à cette réforme et souvent très critique envers l’administration. Il a plusieurs fois dénoncé jeudi son « corporatisme ». L’ISP sera aussi le centre de formation continue des hauts fonctionnaires. « Je veux qu’en nous inspirant du modèle de l’Ecole de guerre, nous puissions prévoir un rendez-vous de carrière avant d’accéder à des éminentes responsabilités », a-t-il poursuivi.