Après deux (02) jours d’échanges fructueux axés sur les enjeux juridiques, économiques et environnementaux liés à l’exploitation des ressources minières et énergétiques sur le continent, les travaux de la 3ème édition du Week-End Africain du Droit Minier et de l’Énergie (WADME ont été bouclés ce Samedi, 10 Mai 2025, à l’hôtel Kaloum situé dans la Commune Urbaine de même nom, à Conakry.
L’atelier a été organisé par l’Institut de Formation et d’Expertise Juridique (IFEJ), en partenariat avec le Barreau de Guinée et la Chambre des Mines de Guinée.
Il avait regroupé plus de 500 participants venus de plus de 20 pays africains.
Ainsi par le biais de ce rendez-vous d’envergure, l’institution organisatrice confirme sans démagogie, son rôle croissant au carrefour panafricain du dialogue minier et énergétique.
Dans une ambiance studieuse, juristes, avocats, représentants d’institutions publiques, experts du secteur et investisseurs ont réfléchi à l’avenir des législations minières en Afrique, à la nécessité de convergence réglementaire, ainsi qu’à l’intégration des enjeux environnementaux dans les cadres juridiques nationaux.
Momoya Sylla, juriste d’affaires et président du comité d’organisation, s’est félicité de la portée de cette troisième édition
« c’est une grande satisfaction pour nous parce que le week-end africain du droit à miner de l’énergie, (WADME), que nous avons lancé il y a trois ans, qui a sa troisième édition, devient de plus en plus un rendez-vous incontournable de discussions, d’échanges et de contributions sur les problématiques, sur l’avenir des ressources minières et énergétiques en Afrique. Donc, les retours que nous avons aujourd’hui par rapport à tout ce qui a été dit, c’est que les sujets qui ont été discutés ici, les sujets tournent autour des enjeux essentiels qui concernent l’exploitation de ces minerais en Afrique. Nous sommes en notre troisième édition, mais aujourd’hui, si vous avez remarqué, lors de la première édition, par exemple, c’est un rendez-vous qui se faisait entre francophones, à part depuis la deuxième édition, nous voyons maintenant l’arrivée aussi bien des francophones que des anglophones, mais aussi des sujets qui impliquent aussi bien les investisseurs, l’État, les Experts et surtout, et aussi, d’autres acteurs comme les bailleurs au fond. Ce qui a été intéressant cette année, c’est que nous avons fait intervenir, par exemple, le directeur général de l’École régionale supérieure de la magistrature, qui a tenu, en fait, les participants sur les possibilités de la mise en place, de l’adoption d’un acte uniforme sur les mines, parce que les mines constituent quand-même l’une des ressources naturelles aujourd’hui importantes au niveau de nos pays. Donc, il est clair que l’année prochaine, nous allons voir d’autres aspects, en fonction des contextes, mais aussi en fonction de l’évolution des enjeux, en fait, graphiques autour de l’exploitation de ces ressources. »
Une intervention marquante fut celle du directeur général de l’École régionale supérieure de la magistrature (ERSUMA), qui a plaidé pour un instrument juridique commun pour le secteur minier africain, dans l’esprit de l’OHADA. Un projet salué pour son potentiel à renforcer la sécurité juridique et l’attractivité des investissements sur le continent.
Maître Lansinet Sylla, avocat au Barreau de Guinée, a pour sa part insisté sur l’importance des échanges d’expériences législatives entre pays
« C’était un programme de formation sur des questions minières. Les intervenants ont parlé des minéraux et des minerais qui aujourd’hui sont recherchés, des minéraux rares et qui font l’objet des recherches. Et nous avons compris que généralement les pays africains ont presque les mêmes problèmes en matière minière à travers leur législation. Mais il y a certaines législations quand même qui sont en avance sur d’autres. Et que ces pays peuvent, à travers des échanges tels que des échanges de cette nature, peuvent faire en sorte que des réformes suivent. Par exemple, lorsque vous prenez la République de Guinée, comparativement au Ghana, le Ghana prévoit des taxes, des taxes de réhabilitation, des taxes qui sont prévues et que les sociétés minières payent au fur et à mesure.
Et l’exploitation est de sorte que lorsque ces sociétés-là arrêtent de travailler, à la cessation de leurs activités, l’État ghanéen parvient à travers cela à restaurer l’environnement qui a fait l’objet de destruction. Donc ça, il y a plein de choses qui sont en train de se faire. Il y a plein de choses comme ça que nous avons pu relever.
Et il serait intéressant que les autorités en charge de l’administration minière de notre pays puissent tout faire pour entrer en possession des échanges qui ont eu lieu ici. Et ça pourrait nous permettre d’obtenir de très belles réformes et de faire en sorte que les gens qui sont en charge de l’administration minière de notre pays puissent faire en sorte que les objectifs que l’État ghanéen recherche à travers l’exploitation de nos richesses minières soient atteints. Je pense que ces discussions auront un impact parce qu’il y a des autorités relevant de l’administration minière de notre pays qui ont participé et puis il y a eu des questions qui ont été débattues en ce qui concerne les fiscalités. »
Même son de cloche chez Jean-Jacques Nuyadjan, avocat camerounais, qui souligne que ces rencontres doivent déboucher sur des actions concrètes
« Alors je crois que cette édition, la troisième déjà, nous a permis de réaliser qu’il y a encore du chemin à faire. Mais qu’au-delà de ce chemin qu’il y a à faire, la réflexion, les Africains entendent désormais s’approprier de cette réflexion et participer à l’aménagement de tout ce cadre juridique-là. Je dois dire, en termes de défi majeur, tout a été passé en revue. Des notions comme les minéraux stratégiques, comment les Africains, les États devraient désormais gérer ces ressources, les aspects sur la fiscalité, même sur les aspects de l’énergie, avec les notions de, comment on appelle, des prix payés, la gestion de tout ça. Tout a été passé en revue. Maintenant, c’est les constats et puis les grandes résolutions.
On va faire des constats, mais il faudrait qu’après les États s’approprient des résolutions d’une rencontre scientifique comme celle-ci pour pouvoir permettre d’aménager et d’envisager l’avenir sous de meilleures perspectives, notamment permettre aux États africains de se développer à la faveur des minéraux qu’ils regorgent. Beaucoup d’apprentissage, comme toujours, je profite de l’occasion pour remercier les organisateurs.
C’est beaucoup d’apprentissage de retrouver toutes ces personnes, ces praticiens et ces chercheurs qui se retrouvent et partagent des connaissances. C’est beaucoup d’apprentissage au sorti de l’art. Pour un avocat comme moi, les techniques contractuelles, la fiscalité, c’est énorme dans la pratique que nous avons au quotidien dans notre métier. » a-t-il fait savoir
Au-delà des réflexions juridiques, la formation professionnelle était également à l’honneur, avec des panels sur la fiscalité minière, les minéraux stratégiques et les nouvelles exigences environnementales, autant de domaines qui nécessitent une montée en compétence continue pour les praticiens du droit et les décideurs.
WADME 2025 confirme sa montée en puissance comme plateforme stratégique pour une Afrique mieux armée juridiquement dans la gestion de ses ressources naturelles. Entre ambitions d’harmonisation régionale et volonté d’impact concret sur les législations nationales, les regards sont désormais tournés vers la prochaine édition, qui devra transformer ces riches échanges en réformes tangibles.
A noter que le rendez-vous est pris pour l’année 2026 avec espoir d’avoir franchi un pas supplémentaire vers la souveraineté minière et énergétique durable en Afrique.
Bony Ousmane