En prélude aux festivités marquant la fin de formation de la 7ᵉ promotion des auditeurs de justice et de la 6ᵉ promotion des élèves greffiers, le Centre de Formation Judiciaire (CFJ) de Guinée a organisé, ce mercredi 14 mai 2025, une conférence de haut niveau sur le thème : « L’éthique et la déontologie des magistrats et des greffiers en Guinée ». Un sujet crucial à l’aube de l’entrée en fonction de ces futurs acteurs de la justice.
C’est dans la grande salle d’audience du Tribunal du 28 septembre, à Conakry, que 200 futurs professionnels de la justice guinéenne ont assisté avec attention aux interventions de deux experts : Éric Legrand, conseiller technique au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, et Bandju Doumbouya, greffier retraité et formateur chevronné.
Dans son intervention, Éric Legrand a souligné les qualités essentielles au bon fonctionnement de la justice : impartialité, indépendance, loyauté, diligence et respect strict des procédures.
« C’est une promotion complète de jeunes magistrats et de greffiers, chacun au nombre de 100, qui s’apprête à intégrer les juridictions du pays. Ils seront, à juste titre, attendus par tous les Guinéens sur leur comportement, qui devra être irréprochable. Cette conférence visait à initier un échange autour des exigences professionnelles, à travers des questions concrètes sur les conduites attendues. Nous avons insisté sur l’accueil des justiciables, la rigueur dans les procédures, qu’elles soient pénales ou civiles. À la lumière des échanges, je crois que l’objectif a été pleinement atteint », a-t-il déclaré, appelant à la multiplication de telles rencontres pour ancrer une culture professionnelle durable au sein du système judiciaire.
De son côté, Bandju Doumbouya a recentré le débat sur la posture professionnelle du greffier, qu’il a décrit comme le « garant discret mais essentiel du bon déroulement des procédures judiciaires ».
« Il faut que chacun sache comment se comporter, s’adapter, respecter le secret professionnel et la discrétion requise par le métier. Le greffier, tout comme le magistrat, doit adopter une conduite exemplaire et rassurer les justiciables que la justice est accessible à tous, sans discrimination. Il ne doit y avoir ni privilégié, ni exception devant la juridiction », a-t-il martelé.
Les participants, en fin de cycle après deux années de formation intensive, ont salué l’initiative. Fodé Mamoudou Camara, futur magistrat, a qualifié la conférence de « complément vital aux enseignements théoriques ».
« En plus de la formation reçue en classe et sur le terrain, cette conférence vient nous interpeller, aux côtés de nos aînés, sur l’importance de la déontologie dans l’exercice de nos fonctions. Ce n’est pas seulement une question de textes juridiques, c’est aussi une question de vécu, d’expérience, d’attitude au quotidien. Nous devons agir au nom du peuple de Guinée, avec intégrité et engagement », a-t-il souligné.
Même écho du côté des greffiers. Mata Diop, future greffière, a salué l’approche concrète du formateur.
« Le greffier doit être en mesure de travailler dans les meilleures conditions, tout en accueillant les justiciables avec humanité et professionnalisme », a-t-elle résumé.
Alhassane Naby Camara, Directeur général du CFJ, a tenu à replacer cette conférence dans une dynamique pédagogique globale.
« Après deux années de formation, il est essentiel que ces futurs magistrats et greffiers soient rappelés à leurs devoirs éthiques et déontologiques. C’est une manière de les préparer à entrer dans le monde judiciaire avec clarté, humilité et sens des responsabilités. C’est aussi un devoir envers le public et envers la République. »
À travers des échanges riches et concrets, cette rencontre a permis de poser les bases éthiques indispensables à une justice plus crédible et équitable. La cérémonie de prestation de serment, prévue ce vendredi 16 mai 2025, s’annonce comme un tournant décisif. Elle marquera l’entrée officielle de ces jeunes professionnels dans le monde judiciaire, désormais mieux armés pour incarner les valeurs de rigueur, d’intégrité et de service public que réclame la justice guinéenne.