Conakry s’apprête à accueillir un événement majeur dans le domaine de la justice et de la lutte contre la délinquance financière. Les 7 et 8 juillet 2025, un forum sur la gestion et le recouvrement des avoirs saisis et confisqués se tiendra dans la salle des Audiences du Procès du 28 Septembre 2009, à la Cour d’Appel de Conakry. Cette rencontre de haut niveau est organisée par le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme à travers l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC-Guinée), en partenariat avec l’AGRASC-France.

Placée sous la haute présidence du Premier ministre, Chef du Gouvernement, Amadou Oury Bah, la cérémonie d’ouverture rassemblera un large éventail d’acteurs clés du système judiciaire guinéen : Procureurs Généraux de Conakry et Kankan, présidents des tribunaux de première instance, juges de paix, chefs de greffe, ainsi que des officiers de police judiciaire. Le thème de cette édition, ‘’Gérer pour mieux recouvrer et restituer’’, met l’accent sur la nécessité d’une gestion rigoureuse et coordonnée des biens issus de procédures judiciaires.

Dans une interview accordée exclusive ce 25 juin 2025, Alpha Sény Camara, le Directeur Général de l’AGRASC-Guinée, a souligné l’importance de cette rencontre dans le contexte guinéen.

«Il s’agit de la description du partenariat entre l’AGRASC-Guinée et l’AGRASC -France. Deux structures qui ont pour mission la gestion et le recouvrement des avoirs saisis et confisqués. C’est une structure qui est toute nouvelle en Guinée.(…) Donc nous avons échangé et nous avons fait des contacts. L’agence guinéenne chargée de recouvrement, elle est allée par deux fois en France pour que nous, notre agence et celle de la France puissent échanger et voir dans quelle mesure impliquer toutes les structures qui opèrent saisie et confiscation. Et fondamentalement, les juridictions. », a-t-il expliqué. L’objectif est double : renforcer les capacités des acteurs guinéens impliqués dans les processus de saisie et de confiscation, et asseoir la légitimité de l’AGRASC dans un système judiciaire encore en phase de consolidation. Alpha Sény Camara a tenu à rappeler que l’AGRASC-Guinée, bien que récemment mise en œuvre en 2023 sous l’impulsion du Général-Président Mamadi Doumbouya, existe juridiquement depuis 2016. Selon lui, cette volonté politique de faire vivre la structure marque une avancée significative dans la lutte contre la criminalité économique et financière en Guinée.

« C’est grâce au Général Président Mamadi Doumbouya qu’elle a été mise en place depuis le 26 août 2023. Mais je rappelle que cette structure existe par la loi depuis 2016. Donc c’est la volonté politique des dirigeants actuellement que cette structure a été mise en mouvement. Et on ne peut pas cerner tous les contours des missions d’une agence comme celle-là sans qu’il y ait des partenariats, des partages d’idées. Entre cette structure, la nôtre en Guinée, et celle des autres pays, comme le Sénégal, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, mais surtout la France parce qu’elle est plus vieille que toute cette structure-là. Elle a une expérience de plus de 10 ans. » A-t-il fait savoir

Ce forum se veut aussi un espace de dialogue et de sensibilisation. Le Directeur Général insiste sur le rôle crucial de la coopération interinstitutionnelle. 

« Donc, le 7 et 8, c’est une rencontre, un forum à grande échelle sous l’égide naturellement du gouvernement de la République. La rencontre permet d’échanger entre nos partenaires guinéens qui opèrent saisie et confiscation, plus les dirigeants de l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisie français qui viendront avec nous échanger pour aboutir à une espèce de conclusion par rapport aux activités des uns et des autres. La Guinée pourra tirer un, le refus de ne pas accepter les décisions de justice. Parce qu’il faut que tout le monde s’accorde à accepter les décisions de justice, quels que soient les différents obstacles qu’il y a dans le cheminement d’une décision de justice. Deuxième chose, il faut que les autorités de la place comprennent qu’à travers ces échanges entre les structures, qu’elles ne se sont pas trompées en mettant en mouvement cette agence. Elle permet, comme au niveau de la France, de lutter en dernière échelle contre la délinquance financière. L’AGRASC chez nous et L’AGRASC en France sont toutes les deux les derniers maillons de la chaîne pénale. Voilà un peu ce que nous pouvons tirer et ça nous permet d’éviter les supputations, les passions autour de certaines missions, de certains actes que nous posons ici à l’intérieur de notre pays, à l’égard des biens, à l’égard de certaines personnes qui sont en contradiction avec la loi ou en conflit avec la loi.(…) Je dis que tout ça se fait autour du gouvernement de la République et nous passons par le garde des Sceaux (Yaya Kairaba Kaba ndlr) pour porter aussi ce message au niveau de ses collègues, pour qu’ils comprennent que c’est un forum à caractère national. » Soutien le patron du derniers maillons de la chaîne pénale en appelant les magistrats à une stricte observance de leurs obligations.

« Il faut que toutes les structures qui saisissent et confisquent, acceptent de collaborer avec l’AGRASC. Si les acteurs qui doivent collaborer s’abstiennent ou retiennent des informations, ce n’est pas bon, ça va être une violation de la loi. Je l’ai toujours dit, un magistrat qui ne respecte pas la loi, c’est comme un médecin qui tue. » A martelé le magistrat Alpha Sény Camara

Ce forum inédit à Conakry incarne une étape décisive dans le renforcement de l’État de droit en Guinée. En croisant les expériences guinéennes et françaises, l’événement vise à poser les bases d’une justice plus efficace, plus transparente et mieux outillée pour récupérer les fruits du crime organisé. À terme, il s’agit non seulement d’améliorer les pratiques nationales, mais aussi de créer une dynamique régionale de coopération en matière de recouvrement des avoirs illicites.

La rédaction