C’est un duel sans fin. Un bras de fer sans précédent. Une rivalité au-delà des apparences qui masque plutôt un règlement de comptes, un jeu dangereux, une cohabitation de tous les extrêmes et de toutes les inimités.
Depuis 72h, on assiste à un dingue tiraillement, une gaminerie regrettable provoquée par maladresse, entretenue par inexpérience par un Premier ministre mal en point, en chute libre et en manque d’autorité affirmée, contesté dans son leadership et titillé dans sa légitimité.
Tant sur la forme que sur le fond, le Premier des ministres Bernard Goumou a raté encore et comme toujours d’ailleurs l’occasion de s’affirmer, le temps de se réhabiliter et le moment de séduire. En panne de stratégies, en défaut de lecture froide de la situation, Bernard Goumou brille comme il sait le faire mieux que quiconque d’ailleurs, par sa compréhension limitée de l’Etat, son regard erroné de l’administration, son ignorance incurable du fonctionnement de la justice. Faut-il en rire ou pleurer quand le PM, sans formule demande à un ministre d’arrêter ou de faire arrêter une procédure judiciaire déjà ouverte ? Je tombe des nues! Bernard Goumou donne raison à ses irréductibles détracteurs qui l’accusent de n’avoir nullement aucune maîtrise d’un dossier de l’État. Il apporte de l’eau aux moulins de ses pourfendeurs et donne le bâton pour l’abattre à ses concurrents, plus légitimes, plus fins que lui, à exercer pleinement la fonction de Premier ministre et remplir avec autorité et charme le rôle de Chef de Gouvernement.
Face à un ministre de la Justice redouté et redoutable, intransigeant et inflexible, excessif dans son engagement et sa loyauté, le Premier des ministres Bernard Goumou qui veut gagner le cœur de l’opinion greffe à sa petite fièvre éphémère le cas des maires pour conquérir des soutiens ou des alliés dans un contexte politique pollué. C’est un jeu dangereux de la part d’un humaniste autoproclamé qui a jubilé au su et au vu de tout le monde après la chute de Yaya Sow et de Péthé Diallo, tous deux anciens ministres. On est témoins de la vitesse avec laquelle, de l’excès ou de l’outrecuidance du camp des vainqueurs dont Bernard Goumou en tête. C’était une fête et on ne parlait pas de respect de procédure parce que cela ne concernait qu’un camp rival.
Qui n’a pas critiqué le CNRD dans sa sélectivité pendant que des ministres et DG se la coulaient douce?
Qui est resté indifférent face au triste sort et à la grande injustice que subissent des anciens dignitaires? On a demandé qu’on libère ceux qui ont bénéficié d’une mise en liberté et d’accélérer le cas des autres pendant devant la CRIEF.
Et pourtant, ce que fait le ministre Charles Wright, avait été sollicité de tous! Maintenant que c’est fait, pourquoi ça grince les dents ?
Je refuse de succomber ou tomber dans ce piège de la manipulation. Je ne vais aucunement mordre à l’hameçon de Bernard Goumou.
Maintenant, pour ces procureurs de la pensée et donneurs de leçon par autocalmassions à partir des tribunaux médiatiques ou virtuels, la plus grande lâcheté c’est de tenter de mettre dos à dos ces deux camps. Par peur de frustrer, c’est inconcevable et irréfléchi de dire que ni l’un n’a raison, ni l’autre n’a tort. Et l’absurde idée de génie c’est de dire: « oui, sur la forme, le Premier ministre n’a pas su faire. Mais sur le fond, on partage ses récriminations ». Quelle acrobatie intellectuelle ?
Refuser de prendre position est une hypocrisie impardonnable.
Je dis, je répète, j’insiste, je persiste et je signe que Charles Wright a tout mon soutien face à Bernard Goumou.
N’en déplaise au ni-ni!
Par Habib Marouane Camara, éditorialiste.