Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, a ouvert officiellement ce lundi un séminaire de haut niveau sur le contentieux constitutionnel et référendaire, organisé à Coyah par la Cour suprême de Guinée. L’événement, prévu pour se tenir jusqu’au 14 mai, marque une étape décisive dans la préparation institutionnelle du pays à l’approche du référendum constitutionnel prévu le 21 septembre 2025.

Soutenu financièrement par l’Union européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie et le Centre européen d’appui électoral (ECES), ce séminaire vise à doter les magistrats guinéens des outils juridiques et techniques nécessaires pour assurer un traitement rigoureux et impartial des contentieux électoraux et constitutionnels.

Dans son discours d’ouverture, le ministre Yaya Kairaba Kaba a rappelé l’importance vitale de la justice dans l’architecture démocratique d’un État. S’appuyant sur les penseurs John Rawlings et Hans Kelsen, il a souligné que le respect des principes constitutionnels était une garantie de stabilité pour la République. « Là où la justice s’affirme, la démocratie se renforce », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle crucial de la Cour suprême depuis l’absorption des compétences de l’ancienne Cour constitutionnelle en septembre 2021.

Le Garde des Sceaux a défini trois objectifs clés du séminaire : renforcer la maîtrise du contentieux référendaire, améliorer la qualité rédactionnelle des arrêts, et promouvoir l’unification de la jurisprudence constitutionnelle.

La cérémonie a réuni les plus hautes autorités judiciaires du pays, dont Fodé Bangoura, Premier Président de la Cour suprême, qui a appelé ses pairs à saisir cette occasion pour « nourrir une culture continue d’excellence et de rigueur ». Pour lui, la rédaction d’arrêts clairs et motivés est un impératif démocratique qui éclaire les citoyens et consolide la légitimité du pouvoir judiciaire.

Le président de la Commission loi du CNT, Mohamed Aly Thiam, a quant à lui salué l’initiative, rappelant que « les magistrats sont les piliers de la stabilité de l’État guinéen » et que leurs décisions façonnent non seulement la loi, mais aussi la paix sociale et l’ordre constitutionnel.

Le bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Guinée, Me Mamadou Souaré Diop, a émis trois recommandations majeures : garantir l’indépendance du juge constitutionnel, assurer la lisibilité de ses décisions, et reconnaître pleinement la place des avocats dans le processus contentieux.

Pour Me Ashref M. Maktouf, vice-coordinateur du Projet d’Appui au Renforcement de la Démocratie (PARD), le séminaire arrive à point nommé.

« La Cour suprême est désormais le cœur du dispositif de régulation constitutionnelle. Son efficacité sera déterminante pour la crédibilité du référendum de septembre », a-t-il affirmé, évoquant les défis encore à surmonter : adoption finale du code électoral, mise en œuvre de la loi spéciale sur le référendum, et préparation logistique du scrutin.

Ce séminaire de Coyah s’inscrit dans une dynamique plus large de refondation de l’État guinéen. À mesure que le pays se prépare à une consultation populaire décisive pour son avenir institutionnel, la justice, en particulier la Cour suprême, se positionne comme le garant ultime de la transparence, de la régularité et de la légitimité du processus. La qualité des décisions à venir dépendra de l’engagement de chaque magistrat à incarner les principes de rigueur, d’indépendance et d’intégrité évoqués avec force durant ces travaux. En cela, Coyah devient le point de départ symbolique d’une nouvelle ère pour la justice constitutionnelle en Guinée.