- Madame la Vice-présidente du CNT;
- Madame la Ministre de l’Action Sociale;
- Madame la Présidente du COFEPAD-GUINEE
La Charte de la Transition en son article 9 dispose que « Tous les citoyens guinéens sont égaux en droit et devoir. Ils sont égaux devant la loi sans aucune distinction.
Ils sont électeurs et éligibles dans les conditions déterminées par la loi ». Les Constitutions antérieurs de la République de la Guinée et les autres textes de loi tels que le Code civil, le Code de l’Enfant, prennent en compte la dimension genre qui mérite d’être préservée et consolidée. En outre, la Guinée a souscrit aux conventions internationales Régionales qui promeuvent les droites femmes dont la Convention sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination à l’égard de la femme, le protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs à la femme (Protocole de Maputo) et la résolution 1325 du conseil de Sécurité sur « Femmes, Paix et Sécurité ».
Sur la base de ses engagements à travers les instruments susmentionnés, des recommandations lui ont été adressées non seulement par des organes des traités des Nations Unies à l’occasion de l’examen des rapports périodiques , mais aussi par le groupe de travail sur l’examen périodique universel notamment lors de sa 3ème Revue en 2020 A travers les recommandations de ces mécanismes, les Nations Unies encouragent la République de Guinée à poursuivre sa politique d’élimination des inégalités entre les hommes et les femmes en prenant les mesures nécessaires pour éliminer les violences et discriminations faites aux femmes et leur assurer la pleine participation à la vie publique, économique et sociale y compris aux instances de décision.
Comme nous le savons tous et toutes, l’une des taches que se sont assigné les autorités de la Transition est la rédaction et l’adoption d’une nouvelle Constitution et la poursuite des réformes législatives et institutionnelles idoines pour l’effectivité des engagements de la Guinée en matière de droits de l’homme, y compris les droits des femmes et l’égalité du genre.
C’est dans la poursuite de ces efforts inlassables entamés depuis ces dernières décennies et dans la perspective d’une meilleure participation au processus de transition en République de Guinée, que vous, mesdames les membres de la Coalition des Femmes Parlementaires et Actrices pour la Paix, les Droits et le Développement de la Guinée (COFEPAD-GUINEE) conscientes de votre responsabilité et de vos droits conférés par les instruments cités plus haut notamment la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur « Femmes, Paix et Sécurité », vous mobilisez et vous nous mobilisez afin qu’ensemble nous contribuons tous et toutes à la prise en compte de la dimension genre dans tous les textes de loi en chantier au cours de la Transition. En effet, à travers cette résolution les Nations Unies reconnaissent que la paix n’est durable qu’avec la pleine inclusion des femmes, et qu’elle est indissociable de l’égalité des sexes.
Il s’agira donc de vous investir, je dirais même nous investir non seulement pour la préservation et la consolidation des acquis en termes de promotion et protection des droits des femmes, des enfants et des personnes vulnérables notamment dans la Constitution et le Code électoral mais surtout de l’alignement de ces textes aux standards internationaux de promotion et protection des droits de la femme.
En tant que Coordinateur Résident par intérim du Système des Nations Unies et Représentant de ONU Droits de l’Homme, je voudrais vous réitérer notre admiration pour votre engagement continu en faveur de la paix, de la stabilité et des droits de la femme en Guinée. Je voudrais aussi vous dire, s’il était nécessaire de le répéter, que les agences, fonds et programmes des Nations Unies en Guinée sont et demeurent disposés à soutenir vos efforts. Nous avons du travail à faire, et l’atelier de ce jour est d’un maillon important de ce processus qui ne s’achèvera que lorsque la nouvelle Constitution, le nouveau code électoral et tous les autres instruments légaux adoptés aussi bien dans le cadre de la Transition que par les prochaines législatures auront effectivement tenu la promesse de l’inclusion de la femme à tous les niveaux de la vie publique et privée.
C’est un parcourt qui requiert plus d’engagement et pas de découragement. Votre engagement et votre pro-activité en faveur des droits de la femme durant ces dernières décennies est la preuve, constituent les signes annonciateurs de l’émergence, dans un futur proche, d’une société plus juste et moins sexiste en Guinée. Les résultats que vous avez déjà obtenus en termes de réformes législatives et réglementaires sont la preuve, on ne peut plus éloquente, que seule la lutte libère. Nous aussi nous sommes-là, nous les He4She, nous ces hommes de notre génération qui veulent offrir à la prochaine génération un monde débarrassé de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme et de la fille. Pour nous, il ne s’agit pas de slogan de circonstance. La paix, la stabilité de notre monde dépend en grande partie de la manière avec laquelle nous nous traitons les uns les autres et de comment nous interagissons avec la planète et notre environnement.
L’ignorance et la peur de l’autre qui jadis expliquaient sans le justifier, les inégalités et les violences faites aux femmes et aux filles peuvent être vaincues pour une société ou chacune et chacun de sent membre à part entière et en sécurité. C’est ainsi que je comprends votre lutte qui va bien au-delà de l’adoption de textes novateurs pour la Guinée nouvelle. Il faudra tout d’abord lever les obstacles liés aux ignorances dans les villages mais aussi en ville, ensuite faire accepter les changements structurels comme étant profitables à tous et toutes et enfin s’approprier et appliquer ces changements si importants.
Aussi longtemps que des étapes : la compréhension, l’acceptation et l’application des changements ne seront pas des engagements partagés par chacune et chacun d’entre nous, aucune de ces réformes et changements de paradigme n’aura d’impact transformateur sur les défis de notre époque. Il ne restera alors aux générations qui nous suivront de devoir réinventer leur monde pour le rendre plus paisible, plus habitable, plus durable et plus inclusif. Mais je ne crois pas à cette fatalité. Nous sommes suffisamment conscients, femmes et hommes des effets dévastateurs des inégalités sur nous et sur ceux et celles que nous aimons et qui nous sont cher-e-s. C’est pourquoi nous débarrasser du viol, des discriminations et violences basées sur le genre, des pratiques néfastes et préjudiciables qui contribuent à l’exclusion de la femme à la vie économique, sociale et politique et en faire un combat de notre époque et à notre niveau. Je vous remercie chères sœurs, grandes-sœurs et petites sœurs qui êtes venues ici aujourd’hui pour cet atelier si important.
Je vous salue chers frères qui donnez l’exemple à nos filles et garçons que le passé, le présent et l’avenir de nos familles, nos sociétés et nations ont toujours été et demeurent étroitement liés à notre aptitude à accepter, protéger, valoriser et promouvoir chacun et chacune des membres qui les composent. Que ceux qui nous succèderont retiennent de nous qu’ensemble nous avons agi pour ne laisser personne de cote et pour promouvoir la femme comme actrice centrale de notre entreprise commune.
Que la dignité humaine a un contenu : le respect des droits de chaque être humain et du groupe ; et un processus, la lutte contre les inégalités où qu’elles se produisent et quel qu’en soient les auteurs ou victimes. Le choix est le nôtre, mais nous n’avons pas tout le temps pour le faire. Je vous remercie de votre bien aimable attention.
Patrice Vahard