Conakry, le 19 avril 2024- Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme Yaya Kaïraba KABA a convié tous les chefs de juridictions, les chefs de parquets et les chefs de greffes du pays à une réunion de concertation sur les dysfonctionnements enregistrés depuis un certain temps dans les cours et tribunaux du pays. La rencontre s’est tenue en présence du ministre secrétaire général du gouvernement, Tamba Benoit Kamano.

Dans son discours de bienvenue, le Premier Président de la Cour D’Appel de Conakry s’est dit honoré de voir sa juridiction abriter cette autre importante rencontre de la famille judiciaire. Abdoulaye Conté s’est montré très heureux du fait que le ministre se soit promptement préoccupé des dysfonctionnements dans les juridictions. Abdoulaye Conté à cet effet fondé l’espoir que le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme pourra trouver des solutions idoines à toutes ces préoccupations.

Pour sa part, au nom de l’ensemble des parquetiers, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kankan, Mamadou Dian Bora Diallo a souligné l’importance de cette concertation et a évoqué quelques difficultés que les parquets rencontrent dans leur fonctionnement. Il a parlé de la diligence dans le traitement des dossiers. A propos, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kankan a invité ses collègues magistrats à fournir des efforts pour le traitement rapide des dossiers. Surtout les dossiers criminels.

Au sujet des voies de recours résultant du parquet, le magistrat a déploré le fait que ces recours soient exercés avec certaines pièces manquantes. Une anomalie qui continue à prospérer malheureusement à certains endroits.

Autre souci qu’il a voulu signalé est bien l’immixtion de certains parquetiers dans les procédures judiciaires pendant les enquêtes de police.

Mamadou Dian Bora Diallo n’a pas manqué de rappeler l’insuffisance du personnel au niveau des parquets, l’incapacité de certains magistrats à exercer toutes les fonctions, l’absence de concertation entre les acteurs de la justice et le manque d’infrastructures qu’elles soient judiciaires ou pénitentiaires. Le magistrat a indiqué que cela fait plusieurs années que les acteurs de la justice n’ont pas été outillés. Une sérieuse problématique à laquelle il souhaite que le Ministre de la Justice se penche.

Les conférences de presse, avis, et commentaires sur les réseaux sociaux, M. Diallo Mamadou Dian Bora pense que tous ceux-ci doivent être faits après l’avis du ministre de la justice et dans un cadre bien précis.

Le ministre secrétaire général du Gouvernement Tamba Benoît KAMANO a rappelé le rôle et la place de la justice en cette période de transition. Pour lui, la justice est un bateau et quand il tangue, l’État va tanguer.

« Notre gouvernement précédent a souffert d’actions individuelles parfois qui ont coûté à l’ensemble du gouvernement. Et c’est ce qui vous coûte aujourd’hui, d’être jugé de la même façon », a-t-il déclaré. Tamba Benoît KAMANO a invité l’ensemble de chefs de juridictions à assumer leur choix.

Au nom des Greffiers, Maître Baldé a énuméré les difficultés que les greffes rencontrent au quotidien dans l’exercice de leurs fonctions. Il a cité entre autres, la gestion des archives, l’insuffisance du personnel dans les juridictions, le manque de formation continue etc…

Pour sa part, après avoir écouté et recueilli avec attention toutes les préoccupations et difficultés évoquées par les parquets, les sièges et les greffes, le Ministre de la Justice et des Droits de l’homme s’est dit satisfait parce que si la critique est aisée, l’autocritique ne l’est pas souvent.

En plus des difficultés relevées par les uns et les autres, le ministre a déploré l’usage des imprimés aussi bien par les parquetiers que les juges d’instruction. Yaya Kaïraba Kaba a appelé à la cessation de cette pratique qui montre que dans les services concernés les gens ne veulent pas faire des efforts.

Poursuivant, le ministre de la justice et des Droits de l’Homme a invité les magistrats du parquet au respect du principe de la subordination à l’autorité supérieure. Yaya Kaïraba KABA a prévenu que la violation de ce principe entraînerait son intervention sans état d’âme.

A ceux du siège, le ministre a lancé l’appel à éviter les renvois intempestifs des affaires, première cause de la surpopulation carcérale. Selon lui, en dépit du mea culpa devant le CNRD et son Président, il n’y a pas eu de changement au niveau de la façon dont les magistrats travaillent. De ce fait, il a invité les magistrats à respecter l’indépendance de la magistrature.

La justice guinéenne étant décriée, le ministre Yaya Kaïraba Kaba a demandé à l’ensemble des travailleurs, magistrats et greffiers, à faire des efforts vers l’amélioration de la qualité du service public de la justice. Pour le magistrat, une bonne administration de la justice est le moyen de sécurisation des investissements, le plus sûr. Loin devant les armes à feu.

«Nous sommes enviés par les autres corporations à cause de nos conditions de travail que nous jugeons malheureusement déplorable », a fait remarquer le ministre de la justice et des droits de l’homme après avoir invité les magistrats à se concerter le plus souvent sur les questions qui les intéressent.

Par rapport à la formation continue des travailleurs de la justice, le ministre a annoncé une possible mobilisation de fonds auprès des partenaires techniques et financiers de la Guinée. « Je veux être le ministre des résultats. Aidez-moi à le devenir », a sollicité avec insistance, le ministre Kaba avant d’appeler les magistrats au respect de leurs obligations professionnelles.

A en croire le ministre, n’est pas magistrat qui le veut. Ceci étant, Yaya Kaïraba Kaba a exhorté les magistrats à l’humilité, à éviter les réseaux sociaux et à se méfier beaucoup des médias.