C’est un euphémisme de dire que depuis un certain temps, le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) et le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) se défient et se regardent en chiens de faïence. Ce qui n’est pas sans susciter de vives inquiétudes chez les Guinéens et la communauté internationale qui souhaitent vivement que la transition en cours soit une réussite. Le mouvement dirigé par Oumar Sylla alias Foniké Menguè n’a cessé d’exiger du CNRD la publication de la liste de ses membres, la déclaration des biens des membres du gouvernement et du CNRD, le respect des droits de l’homme, la fixation consensuelle de la durée de la transition et l’ouverture d’un cadre de dialogue. L’on se souvient encore de l’arrestation très musclée du coordinateur national du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et deux de ses camarades (Djanii Alfa, Mamadou Bilo Bah) à leur siège, par les forces de l’ordre. Ils ont été poursuivis pour outrage à magistrat et injures sur les réseaux sociaux. Une arrestation dont la méthode a été dénoncée par l’opinion nationale et internationale. Ils ont finalement été libérés pour délit non constitué. Quelques jours seulement après cette libération, la coordination nationale du FNDC a annoncé une marche pacifique dans le Grand Conakry le 28 juillet, et une autre sur toute l’étendue du territoire national une semaine plus tard (4 août). La suite, on la connaît.
Les 28 et 29 juillet, à l’appel du FNDC, des manifestations ont été enregistrées dans certains quartiers du Grand Conakry. L’on a déploré 5 morts et des destructions de biens publics et privés. Les forces de défense et de sécurité ont procédé par la suite à l’arrestation de deux responsables du FNDC (Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo) et le secrétaire exécutif de l’UFR (Saïkou Yaya Barry) qui, après leur inculpation, ont été placés sous mandat de dépôt. Dans la foulée, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a pris la décision de dissoudre le FNDC qu’il assimile à une sorte de milice privée. Mais malgré cette dissolution qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, le FNDC reste droit dans ses bottes et appelle à manifester ce mercredi 17 août 2022 sur toute l’étendue du territoire national. Reste à savoir maintenant si cet appel sera suivi. Deux responsables du mouvement sont en prison, un autre est visé par un mandat d’arrêt international. Espérons que le CNRD et le FNDC finiront par fumer le calumet de la paix pour éviter à notre pays un périlleux saut dans l’inconnu. Que la raison l’emporte finalement sur la passion.