Il faut avoir vraiment le courage de dire que la transition guinéenne est bel et bien dans une sorte d’impasse, à cause de l’absence d’un cadre de dialogue entre les autorités et les principaux acteurs sociopolitiques du pays.

Le 5 septembre 2021, lorsqu’ils ont appris ou suivi en direct la chute du régime d’Alpha Condé, accusé de crimes de sang et de crimes économiques, les Guinéens, dans leur immense majorité, ont pris d’assaut les rues de la capitale et des villes de l’intérieur pour laisser éclater leur joie.

Ils pensaient, naïvement peut-être, que les manifestations violentes seraient dorénavant un lointain souvenir dans leur pays, exceptionnellement gâté par Dame Nature mais qui éprouve toutes les peines du monde à se hisser au rang des pays émergents de la sous-région, après bientôt 64 ans d’indépendance.

Comme beaucoup le craignaient,  un an après la prise du pouvoir par l’ancien commandant du groupement des forces spéciales, le colonel Mamadi Doumbouya, de plus en plus d’observateurs  objectifs font clairement part de leur déception par rapport à la conduite de la transition en cours dans le pays. Les récentes violences enregistrées dans le Grand Conakry en font foi.

Les 28 et 29 juillet, des manifestations, à l’appel du FNDC, ont été enregistrées dans certains quartiers de la capitale. Des manifestations qui, malheureusement, ont été émaillées de violences, avec le lourd bilan que l’on sait : 5 morts (selon les sources), des journalistes agressés, des destructions de nombreux biens publics et privés, principalement sur l’axe Hamdallaye-Kagbelen en passant par Bambeto, Cosa, Enco 5, Sonfonia, T8, Cimenterie et Bailobaya.

Le 17 août, deux autres victimes ont été enregistrées, en marge d’une manif à l’appel du FNDC dissous.  Le 8 septembre, Abdoul Gadiri Diallo, 16 ans, est venu allonger la liste des victimes des manifestations sur l’Axe.

Pour beaucoup, les Guinéens de tous bords devraient se donner la main et se mettre d’accord sur l’essentiel. Les manifestations violentes, pour quelque raison que ce soit, les Guinéens n’en ont plus besoin. Il faut cultiver la paix et l’entente. Personne n’a intérêt à ce que cette transition échoue.

Que tous les acteurs sociopolitiques et les autorités de la transition acceptent de s’asseoir autour de la table pour discuter, sans passion et sans arrière-pensées, des sujets d’intérêt national pendant cette transition que tous les Guinéens veulent apaisée et consensuelle. A rappeler que pendant les onze ans de présidence d’Alpha Condé, la Guinée a enregistré des centaines de manifestations, avec leur lot de morts.

Au lendemain des manifestations des 28 et 29 juillet, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de trois acteurs sociopolitiques dans le cadre, dit-on, des enquêtes ouvertes par les parquets d’instance. Ce sont : Oumar Sylla, alias Foniké Menguè (coordinateur national du FNDC), Ibrahima Diallo (responsable des opérations du FNDC) et Saïkou Yaya Barry (secrétaire exécutif de l’UFR, le parti de l’ancien Premier ministre Sidya Touré). Après leur inculpation, ils ont été placés sous mandat de dépôt.