Une étape majeure vient d’être franchie dans le long et douloureux chemin vers la justice et la réparation pour les victimes du massacre du 28 septembre 2009. Quinze ans après les faits, le gouvernement guinéen a officiellement lancé ce mardi le processus d’indemnisation des victimes, en débloquant une enveloppe de plus de 119 milliards de francs guinéens.

La cérémonie de lancement s’est tenue dans une ambiance sobre et solennelle, dans la salle d’audience historique ayant abrité le procès du massacre. Plusieurs victimes ou leurs ayants droit étaient présents, aux côtés des membres du gouvernement, notamment le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, accompagné de son Cabinet.

nationale envers les victimes d’un drame qui a profondément marqué notre conscience collective. Le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, s’est personnellement engagé pour que justice soit rendue et que réparation soit faite », a déclaré le ministre de la Justice.

Le montant global de 119 123 815 000 francs guinéens sera réparti en plusieurs tranches, selon des critères définis par une commission spéciale, en lien avec les organisations de victimes, les avocats et les services du ministère de la Justice. Cette enveloppe servira à indemniser les victimes directes, les ayants droit des personnes décédées, ainsi que celles ayant subi des violences sexuelles, des atteintes physiques ou des préjudices matériels.

Plus de 334 victimes sont concernées par cette première vague d’indemnisation. Des dispositions ont été prises pour assurer la transparence, la traçabilité et l’équitédans le paiement des compensations.

Pour les victimes présentes, ce geste marque le début d’une réparation tant attendue, mais n’efface pas la douleur vécue. Nombre d’entre elles ont exprimé leur satisfaction, tout en réaffirmant la nécessité de poursuivre le combat pour la justice et la vérité.

« C’est un pas important. Mais au-delà de l’argent, nous avons besoin de reconnaissance, de dignité, et que plus jamais un tel drame ne se reproduise dans notre pays », a témoigné Mariama, rescapée du massacre, visiblement émue.

Cette avancée s’inscrit dans la continuité du procès historique ouvert en septembre 2022, qui a vu comparaître plusieurs hauts responsables militaires et civils accusés de crimes contre l’humanité. Une procédure judiciaire saluée à l’international comme un symbole de rupture avec l’impunité qui a longtemps miné la justice guinéenne.

Par cette initiative, le Gouvernement de transition entend concrétiser ses engagements envers les victimes, tout en posant les bases d’une justice réparatrice et inclusive. Le ministre de la Justice a indiqué que cette opération d’indemnisation n’est qu’un début, et que d’autres actions suivront, notamment dans le domaine de la réinsertion des victimes, de la prise en charge psychologique et de la réconciliation nationale.

Le massacre du 28 septembre 2009, perpétré au stade du même nom à Conakry, avait fait plus de 150 morts et des centaines de blessés, selon les enquêtes internationales. Il s’agit de l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire contemporaine guinéenne.

Avec ce geste fort, l’État guinéen tente de réparer une injustice longtemps restée sans réponse concrète, tout en envoyant un message clair : les victimes ne seront plus oubliées.

 

Par Ousmane Bony