Le gouvernement en a parlé en Conseil des ministres de ce jeudi 19 mai. Mais la communication, plutôt laconique, qui a été réservée au sujet était certainement en déca des dégâts que le virus de la grippe aviaire provoque chez nombre de fermiers. Dans la zone de Coyah, de loin la plus touchée, on nous rapporte que des fermes entières ont été décimées. Laissant les fermiers dans le désarroi, parce que subitement ruinés.
En dépit de l’ampleur des pertes qu’ils ont subies, les fermiers ne semblent pas vouloir communiquer sur le sujet. Selon nos informations, en cela, ils se conformeraient à une consigne venue du ministère de l’Agriculture et de ses services. C’est ainsi que les quelques rares qui ont accepté de nous en dire quelque chose, ont absolument requis l’anonymat. Un d’entre eux a juste précisé : « Pour le moment, ce sont nos collègues situés du côté de Wonkifong en allant vers Maférinyah qui sont les plus touchés ». Un autre de renchérir : « C’est vrai pour le moment, ceux qui évoluent sur l’axe qui mène à Kindia sont épargnés. De même, ceux de Dubréka n’ont pas encore notifié de cas ». Et pour circonscrire le virus, les fermiers ont arrêté de se fréquenter. « On s’est même donné la main pour arrêter un camion de livraison de poulets réformés au niveau du quartier Enta. Pour empêcher que les poulets en question, éventuellement contaminés, ne rentrent à Conakry », nous confie une source.
Mais justement, l’histoire de ce camion illustre suffisamment l’angoisse dans laquelle les fermiers victimes se retrouvent. En effet, pour ne pas se résoudre à la perte de tous leurs poulets, « certains de nos collègues s’étaient empressés de vendre ces poulets-là. Mais le risque était tel que nous avons stoppé le processus ». Selon nos informations, dans certaines fermes, ce sont tous les poulets qui en sont morts. Les services vétérinaires sont même intervenus dans des séances d’incinération, afin certainement de limiter les risques de propagation de la maladie.
Mais à supposer que l’on réussisse à endiguer la spirale, les victimes se posent déjà des questions : quel sort leur sera réservé ? Seront-ils indemnisés par les autorités ? Pour le moment, aucune réponse. Pourtant, un d’entre eux trouve que l’option de l’indemnisation de ne serait qu’une juste réparation. D’autant que, souligne-t-il : « Nous pensons que ce virus est arrivé en Guinée avec les alvéoles importées. Nous soupçonnons particulièrement des alvéoles arrivées du Maroc ou de l’Europe. Or, plus d’une fois, nous avons alerté sur les risques liés à cette importation. Malheureusement, on ne nous pas écoutés ».
Les premiers cas ont été notifiés, nous rapporte-t-on, juste après la fête de ramadan, soit les premiers jours du mois de mai.
La rédaction