Si l’on s’en tient à l’accord qu’elles ont trouvé avec la CEDEAO, les autorités de la transition devraient rendre le pouvoir fin 2024 à un président civil démocratiquement élu. Mais aujourd’hui, beaucoup se demandent comment les dix étapes du chronogramme de la transition seront financées.

Dans tous les discours qu’il a eu à prononcer au lendemain de sa prise du pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya s’est engagé solennellement à organiser des élections libres et transparentes, de la base au sommet (communales, législatives, présidentielle) pour remettre le pouvoir aux civils. Des élections auxquelles aucun membre d’un organe de la transition ne sera candidat.

Ces organes sont : le président de la transition, le CNRD (Comité national de rassemblement pour le développement), le CNT (Conseil national de transition) et le gouvernement de transition. Pour la mise en œuvre des dix étapes du chronogramme de la transition, conformément à l’accord conclu avec la CEDEAO, il faut d’importantes ressources financières. Dans une de ses sorties, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, avait chiffré le financement des dix étapes du chronogramme à près de 6000 milliards de francs guinéens.

Un montant jugé exorbitant par certains acteurs sociopolitiques qui parlent plutôt de ‘’budget-chantage’’. Pour les autorités de la transition, l’organisation sous-régionale devrait jouer un rôle central dans la mobilisation des ressources financières auprès des partenaires bi et multilatéraux. Lors des deux premières sessions du comité de pilotage de suivi-évaluation de la mise en œuvre du chronogramme de la transition, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, qui préside ledit comité de pilotage, a partagé avec les membres du comité, les diplomates, la CEDEAO et l’UE, les informations disponibles et l’état d’avancement du chronogramme. Il a présenté aux membres du comité de pilotage et aux membres du comité technique, les avancées en termes de mise en œuvre sur certains points: le recensement général de la population et de l’habitat, le recensement administratif à vocation d’état civil et l’élaboration du fichier électoral. Il a par ailleurs rassuré que jusqu’à preuve du contraire, le délai d’exécution du chronogramme qui a été signé dans le compromis dynamique est en train d’être respecté à la lettre. Il n’a pas manqué de lancer aussi un appel pressant aux partenaires sous-régionaux et internationaux en vue de la mobilisation des ressources financières pour exécuter dans les délais toutes les étapes du chronogramme. Il faut noter qu’à ce jour, la partie guinéenne a pu mobiliser un montant de 550 milliards de francs guinéens. Comme on le voit, l’on est encore très loin des 6000 milliards annoncés par le MATD. Et avec la situation qui prévaut au Niger, la CEDEAO semble très occupée en ce moment. La mobilisation des ressources financières pour organiser les élections en Guinée se fait toujours attendre.

Ce qui pourrait nous conduire à un glissement de calendrier électoral. Il y a même des leaders politiques ayant pris part au cadre de dialogue qui demandent au CNRD et au gouvernement de revoir, voire raboter le budget dédié au financement des dix étapes du chronogramme.