Le 5 septembre 2021, marquait le début d’une nouvelle transition en Guinée. Cela fait jour pour jour deux (2) ans, que la Guinée est sous la transition, dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.

Le Professeur Alpha Condé ancien président de la république, autrefois très apprécié et aimé, avait perdu sa popularité dans la matinée du Dimanche 05 septembre 2021, dans un pays où, il avait promis d’améliorer le bien-être de ses concitoyens en les sortant dans la pauvreté.

Ce coup d’État militaire dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya, à l’époque commandant de l’unité des forces spéciales, a renversé l’ancien président Alpha Condé, qui a brigué un troisième mandat très controversé en République de Guinée.

Le Colonel Mamady Doumbouya, dès ces premières prises de parole à la télévision nationale, a tenu plusieurs promesses dont le retour à l’ordre constitutionnel, la lutte contre la corruption, la gabegie financière, la bonne gouvernance et la refondation de l’État etde l’administration publique. Parmi toutes ces promesses, les plus célèbres ont été « la justice sera la boussole qui orientera tous les guinéens », « on fera l’amour à la Guinée ». Deux ans plus tard, qu’en est-il de ces promesses ?

Ce qui m’avait ému il y a de cela deux ans, dans l’euphorie lors de la prise du pouvoir par l’armée, suscite maintenant le remords et la désillusion chez les certains citoyens. Notre correspondant a rencontré les acteurs sociopolitiques de kindia qui ont évalués le bilan de l’an 2 de la gouvernance du CNRD au pouvoir.

Pour M Boubacar Traoré, membre du parti RPG-Arc-en-ciel, pense que la plupart de leurs promesses n’ont pas été tenues mais de même il reconnaît certains acquis tels que la récupération des biens de l’État et la continuation des projets d’infrastructures.

<<Le colonel Mamadi Doumbouya, à son arrivée au pouvoir, a fait assez de promesses. Mais la plupart pour ne pas dire presque rien n’a été tenue ou réalisée. Néanmoins, on pourrait apprécier la récupération des domaines de l’Etat, le respect des accords internationaux signés et la continuité des travaux d’infrastructures routières et portuaires initiés par le président Alpha Condé. A cela, s’ajouter l’organisation du procès du 28 septembre 2009. Cependant, si on prend les points négatifs, il y a d’abord la violation de la charte de la transition élaborée unilatéralement et imposée par le CNRD. On a aussi la détention prolongée de certains acteurs politiques. Mais également parmi les dix activités citées pour le retour à l’ordre constitutionnel, même pas une seule n’a été entamée jusque maintenant. La criminalité est devenue grandissante. Il y a trop de crime bien que ce soit des militaires au pouvoir En plus, depuis leur arrivée, on a tout fait mais impossible de connaître la liste complète des membres du CNRD, aucun de ces gens qui nous gouvernent, n’a accepté de faire la déclaration de leurs biens avant sa prise de fonction. Mais le peuple constate la sortie de terre de certains buildings un peu partout. En gros, si vous vous attaquez aux autres et que vous retombez dans les mêmes erreurs, l’histoire finira par vous rattraper>>, a-t-il déclaré.

De son côté, Mamadou aliou Bah membre du parti UFDG , relève ces préoccupations concernant la justice en Guinée.

<<Sur le plan judiciaire, cette boussole, est-ce le nord ou le sud ? Sinon, tous ceux qui ont travaillé sous le règne d’Alpha Condé ont commis des malversations financières. Pourquoi la poursuite judiciaire est-elle sélective ? Nous voyons les immeubles partout, ces personnes ne sont pas inquiétées. Ce sont quelques-uns du passé qu’on a appréhendés… on est en train de jouer pour la galerie. Il n’y a pas de dialogue politique. Sauf ceux-là qui veulent s’associer au CNRD et qui disent tout va bien>>, assure-t-il.

Aboubacar Camara, acteur de la société civile, salue des réformes engagées au sein des forces armées et la fonction publique, tout de même déplore l’insécurité croissante dans la région de Kindia.

‘’Vraiment, il y a eu assez de réformes notamment dans le secteur des forces armées, l’assainissement et le rajeunissement du fichier de la fonction publique. Aujourd’hui, l’administration est contrôlée, mais tout n’est pas rose. Sans langue de bois, il faut oser le dire, nous sommes à tombeau ouvert face au niveau d’insécurité qui prévaut dans ce pays et notamment à kindia ici. Nous ne sommes pas en sécurité et malgré un nombreimportantdemilitaire. En matière de justice, il faut aussi que les manifestants pros et anti CNRD soient traités équitablement. Un plaidoyer ne peut en aucun cas faire fléchir une procédure judiciaire comme nous le constatons.>> a-t-il déploré.

Pour sa part, Daouda Bangoura, activiste de la société civile, met en avant les avancées dans les infrastructures, la création de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), mais critique l’inégalité de répartition des recettes et les promesses non tenues.

‘’Moi je pense que l’un des acquis majeurs de cette transition en 2 ans, ce sont des réalisations qui sont en train d’être faites au niveau de Conakry. Et les grands chantiers qui ont été entamés y compris la réfection de la route Coyah-Kindia qui  a été un ouf de soulagement pour bon nombre de citoyens de la Guinée. Également la création de la cour de répression des infractions économique et financière (CRIEF) qui est en train aujourd’hui de gérer un certain nombre de dossiers. En plus, l’une des choses à saluer aujourd’hui, c’est l’aspect à la question de redevabilité qui est assigné à tous les ministres afin de prendre la parole pour parler de son bilan. Mais du coté négatif, il faut noter l’inégalité dans la répartition des recettes de l’Etat. Le plus souvent, 80% des recettes sont utilisées à Conakry qui ne comptent que 20% de la population, les villes de l’intérieur du pays ne sont pas en comptes dans les activités que le CNRD réalise. Il y a eu beaucoup de chantiers annoncés à leur arrivée au pouvoir, mais qui n’ont jamais vu. Il y a plus de défaillance aujourd’hui par rapport aux actions et aux promesses faites. Le CNRD et les membres de son gouvernement ne sont pas dans la dynamique de tenir leurs promesses>>,a-t-il souligne.

Selon Ibrahima Conde, malgré ces avancées le CNRD doit revoir d’autres secteurs de développement.

<< Ils font le maximum en matière d’infrastructures. Sincèrement, s’il y a un domaine qui a beaucoup bougé aussi c’est la justice. Avec l’organisation du procès de 28 septembre 2009. Et pour une toute première fois, nous guinéens, avons vu un ministre comparaitre devant les magistrats. Mais ils restent beaucoup à faire. Le système éducatif est en mal. On a l’impression que le Ministre que nous avons est un ministre des examens. Des acteurs politiques sont emprisonnés sans jugement aussi, sans compter le fait que le panier de la ménagère est chère>>

<<Dès sa prise du pouvoir, il a eu la mise à la retraite d’un important nombre de civile et de militaire. La maitrise du taux de l’inflation. Sans oublier l’assainissement continue du fichier de fonction publique qui a permis de déceler plus de 1000 fonctionnaires fictifs. La reforme de la justice, surtout la mise en place de la CRIEF. Il y a aussi la récupération des domaines de l’Etat. L’immersion gouvernementale, la revue des infrastructures routières, la pose de la première pierre pour l’extension de certains aérodromes, la construction des centres de Santé améliorés. Mais, il faut avoir le courage de le dire, le système éducatif guinéen est à l’agonie. Le constat révèle que sur le plan sanitaire, il n’y a pas de suivi au niveau des personnels soignants, le commerce n’est pas organisé, tout le monde impose son prix>> a indiqué M. Soumah.

 

Amara sylla pour leperroquetguinee.com