En Guinée, la jeunesse représente une majorité de la population, possédant une énergie dynamique et une capacité d’adaptation rapide. Pourtant, l’absence de mécanismes robustes d’éducation civique freine leur participation active et éclairée aux affaires publiques. Les insuffisances dans la sensibilisation aux droits et devoirs citoyens contribuent à une faible implication des jeunes dans les processus de prise de décision, les rendant vulnérables aux manipulations politiques et aux discours populistes. Cette situation met en évidence un défi majeur : sans une éducation civique renforcée, le potentiel transformateur de la jeunesse pour la consolidation des institutions démocratiques et la prévention des dérives autoritaires demeure largement sous-exploité.

L’importance de l’éducation civique pour les jeunes en période de transition.

Dans un contexte de transition politique, les défis sont nombreux : instabilité institutionnelle, méfiance des citoyens envers les dirigeants et risques de manipulation des jeunes par des acteurs opportunistes. L’éducation civique devient alors un outil fondamental pour sensibiliser les jeunes à leurs droits et devoirs, renforcer leur résilience face aux discours extrémistes et populistes, et promouvoir leur engagement dans des actions pacifiques et constructives. Une jeunesse bien informée est mieux préparée à participer aux processus de dialogue national, aux élections transparentes, et aux initiatives de gouvernance locale. Cette préparation permet de transformer leur dynamisme en un levier puissant pour la construction d’un avenir démocratique inclusif.

Renforcer les mécanismes d’engagement civique.

Les organisations de la société civile, les institutions éducatives et les leaders communautaires doivent travailler ensemble pour mettre en place des programmes adaptés à la réalité des jeunes. Ces initiatives doivent inclure des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux, des débats publics, des ateliers pratiques sur la citoyenneté active et la création de plateformes d’expression pour que les jeunes puissent contribuer aux décisions politiques. L’éducation civique doit également aborder des thématiques comme la tolérance, le respect des lois, le rôle des institutions et les mécanismes de gestion des conflits.

Recommandations pour renforcer l’éducation civique des jeunes

Pour les autorités publiques :

1. Mettre en place ou renforcer les programmes nationaux d’éducation civique dans les écoles, universités et centres de formation professionnelle.

2. Créer des espaces de dialogue et de participation pour la jeunesse, notamment à travers des conseils municipaux de jeunes ou des forums citoyens.

3. Garantir l’accès à des ressources pédagogiques adaptées pour renforcer la compréhension des mécanismes démocratiques et des processus électoraux.

Pour les bailleurs de fonds et partenaires techniques :

1. Soutenir financièrement et techniquement les projets d’éducation civique pilotés par des organisations de la société civile.

2. Investir dans des technologies numériques et des plateformes innovantes pour diffuser des contenus de sensibilisation accessibles aux jeunes, y compris en milieu rural.

3. Renforcer les capacités des formateurs et des animateurs civiques à travers des formations continues et des partenariats internationaux.

Pour les jeunes eux-mêmes :

1. S’informer activement sur leurs droits et devoirs à travers les ressources disponibles (guides, manuels, forums en ligne).

2. Participer à des clubs de débat, des associations et des initiatives citoyennes pour développer des compétences en leadership et en participation politique.

3. Agir comme des ambassadeurs de la paix et de la démocratie en sensibilisant leurs pairs à l’importance de l’engagement civique pacifique et constructif.

Un engagement pour la stabilité et le développement

Les jeunes représentent une force vive pour la paix et le développement durable. En renforçant leur capacité à analyser, critiquer et proposer des solutions, ils deviennent des gardiens de la démocratie et des acteurs de la stabilité. À travers l’éducation civique, la jeunesse peut transformer les défis de la transition en opportunités pour bâtir une société plus juste et équitable, fondée sur le respect des droits humains et la participation citoyenne.

En conclusion, investir dans l’éducation civique des jeunes en période de transition politique est une priorité incontournable pour assurer une transformation inclusive et durable. La mobilisation collective des institutions publiques, de la société civile et des partenaires internationaux est essentielle pour faire de cette génération le pilier d’une gouvernance démocratique renouvelée en Guinée et ailleurs.

 

Boubacar Mansaré, analyste indépendant. Spécialiste en gestion des projets, programmes et performance organisationnelle.