Après Bah Oury et François Lounceny Fall, un nouvel acteur politique était face au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry ce mardi 11 avril 2023.

Dr Ben Youssouf Keita, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a passé une journée marathon avec, en face, les magistrats et avocats de la défense et de la partie civile. Dans son récit introductif, cet acteur politique a d’abord précisé qu’il « n’a absolument aucune haine contre qui que ce soit », et qu’en comparaissant à cette barre, « il ne veut aucune indemnisation » mais souhaite comprendre pourquoi les agents censés les protéger contre le mal, ont agi contre eux ce jour au stade de Conakry, a appris Leperroquetguinee.com à travers un de ses journalistes.

Son récit par devant cette barre, a-t-il ajouté, n’est ni pour les magistrats, ni pour les avocats.  C’est plutôt pour Monsieur le président du tribunal. « Je n’ajouterai aucun détail dans ce que j’ai vécu, peut-être que j’éviterai de rentrer dans certains détails pour une question de pudeur », s’est-il engagé.

Poursuivant sa narration, Dr Ben Youssouf Keita a affirmé qu’avec la sévérité et la précision des agissements des sévices subis, ce massacre « n’était nullement un fait du hasard ». D’ailleurs, avant d’aller au stade, son frère qui est un douanier à la retraite lui avait déconseillé d’y aller, sous prétexte qu’il a appris des choses.

Parmi les personnes auxquelles en veut Dr Ben Youssouf Keita, figurent en bonne place le colonel Abdoulaye Chérif Diaby et le colonel Tiegboro Camara. L’homme politique reproche au premier d’avoir « failli à son devoir de médecin et violé son serment d’Hippocrate ».

« A Donka, j’ai vu le ministre de la santé rentrer, il n’était pas armé. Il était avec ses gardes du corps. Je cherche à comprendre pourquoi ce ministre de la santé, à l’époque, qui a prêté le serment d’Hippocrate, n’a pas agi comme un médecin ? Je me dis que s’il a préféré être militaire, il doit renoncer au titre de médecin parce que, à ce jour, il n’a pas été un homme assermenté en médecine. Il (ministre de la santé, ndlr) n’a frappé personne et n’a pas tiré sur quelqu’un, mais il n’a pas eu la pitié qu’un médecin doit avoir face aux gens qui souffrent. Nous les médecins, il est dit que même si c’est votre ennemi qui a tué un membre de votre famille, s’il vient blesser, vous devez le soigner à plus forte raison des compatriotes qui sont sortis uniquement pour exprimer leur droit. Le ministre de la santé n’a pas compati à notre peine, à notre douleur ; il n’a pas cherché à nous rassurer. Ce qui m’a encore ahuri, c’est que certains militaires qui accompagnaient le ministre, donnaient des coups de pied aux blessés. Je ne l’ai pas vu frapper ou donner des coups de pieds, mais il n’a pas eu cette pitié. Mais à partir du moment où lui-même réprimande en disant pourquoi vous êtes sortis, pourquoi vous êtes allés au stade, il a donné le courage aux autres de nous réprimander (…). Il n’a pas commis d’acte de violence, mais les termes qu’il a tenus, n’étaient pas appropriés. Il a failli à son devoir de médecin, il a violé son serment d’Hippocrate », a-t-il regretté.

Comparant l’agissement du colonel Abdoulaye Chérif Diaby à celui de Tibou Camara, l’ancien cadre de l’UFDG affirmera que le dernier « a su la douleur des gens, et à les rassurer ».

Dr Ben Youssouf, en évoquant les promesses du CNDD et en les comparant à celles des actuels hommes forts du pays, dira qu’il faudra que le colonel Mamadi Doumbouya qui promet à tout bout de champ de n’avoir aucune volonté de se présenter aux élections, de tenir parole.

Au cours de ce procès, une dame présente au procès s’était évanouie à la suite des premières révélations de Dr Ben Youssouf Keita. L’audience a été renvoyée à demain mercredi 12 avril 2023.