C’est dans l’enceinte de la Maison centrale de Conakry, au cœur de Kaloum, que s’est tenue ce vendredi 18 juillet 2025 la cérémonie officielle d’ouverture de la Semaine du détenu, placée sous le signe de la Journée internationale Nelson Mandela. Un événement symbolique, riche de sens et d’engagement, présidé par Yaya Kaïraba Kaba, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. Organisée par le département de la justice à travers la Direction nationale de l’Éducation surveillée et de la Réinsertion de la jeunesse en partenariat avec l’ONG Terre des Hommes et avec le soutien de l’Union européenne à travers le projet Langni Fan, cette semaine d’activités vise à promouvoir les droits humains dans les établissements pénitentiaires, avec une attention particulière portée aux personnes vulnérables : mineurs, jeunes et femmes détenues.
Dans une atmosphère solennelle mais empreinte d’espoir, le ministre Yaya Kaïraba Kaba a souligné l’importance de cette journée en rendant hommage au combat de Nelson Mandela, lui-même ancien détenu et fervent défenseur de la justice sociale. « Par nos actes citoyens, nous pouvons faire notre part, comme le colibri », a-t-il déclaré, invitant les partenaires et acteurs judiciaires à devenir des porteurs d’espoir pour les détenus.
« Je voudrais, en cet instant, saluer l’ensemble des partenaires mobilisés autour de cette initiative qui agissent sans relâche en faveur de l’amélioration des conditions de détention Je voudrais réaffirmer mon engagement et celui du gouvernement de la République a toujours œuvrer dans le sens de l’humanité. Je voudrais rassurer tous ceux qui sont intervenus avant moi que leurs plaidoyers ont été entendus et bien reçus. Nous travaillerons à y donner les suites les plus appropriées. (…) Je vous invite à être, pour chaque détenu, un porteur d’espoir, cette lueur d’humanité qui permet de tenir. Je m’en voudrais de ne pas dire un mot aux personnes détenues à la maison centrale de Conakry et dans les établissements pénitentiaires à travers le pays. Nelson Mandela que nous célébrons, c’est le combattant, c’est le prisonnier, mais c’est le président et surtout, c’est le prix Nobel de la paix »
À cette occasion, la maison centrale a bénéficié d’importantes dotations : des équipements informatiques, du mobilier, des climatiseurs, du matériel sanitaire et une salle informatique moderne. Ces dons visent à améliorer les conditions de détention et à favoriser la réinsertion des détenus par l’accès à l’éducation et à l’information.
Dans son allocution, Gianpiero Borzillo, Chef de coopération de la délégation de l’Union européenne en Guinée, a salué l’engagement du gouvernement guinéen. Il a rappelé une vérité fondamentale portée par Mandela.
« Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais selon celle dont elle traite les plus faibles. » L’Union européenne, par le biais de l’Instrument de réponse à la stabilité et à la paix (FPI), finance le projet Langni Fan, qui œuvre notamment à promouvoir des alternatives à la détention, la vulgarisation des Règles Nelson Mandela, ainsi qu’une justice restauratrice, notamment pour les mineurs. »
Présente en Guinée depuis 1987, l’ONG Terre des Hommes joue un rôle central dans le renforcement du système pénitentiaire et judiciaire. Son représentant a rappelé que même en prison, les détenus ont des droits fondamentaux : accès à la santé, à l’éducation, à une justice équitable et à un environnement digne.
« Terre des Hommes intervient depuis 1987 en Guinée et a mis en œuvre des actions en faveur notamment de la justice juvénile, Afin de permettre aux mineurs, aux jeunes et aux femmes d’accéder à une justice équitable en leur apportant une assistance juridique et judiciaire, dès les années 90 en renforçant les capacités de tous les acteurs de la chaîne pénale et en améliorant les conditions de leur détention dans neuf prisons du pays, dans le cadre du projet PARJU financé par l’Union Européenne.(…) Donc plusieurs activités vont être mises en œuvre, des activités culturelles et socio-éducatives, des activités sportives, du soutien psychosocial, des jeux de société, des cours d’alphabétisation, sensibilisation des détenus, l’inspection également des unités d’enquête qui va pouvoir être organisée aussi avec l’appui du ministère de la Justice, l’organisation de rencontres de consultation entre le tribunal pour enfants et les trois TPI de Conakry sur la situation des mineurs détenus, des consultations prises en charge médicales au profit des mineurs, des jeunes et des femmes, et bien d’autres activités qui nous sont proposées par des intervenants pénitentiaires » a déclaré Etienne Mouctar Bah, représentant pays de Terre des hommes en Guinée
Parmi les activités prévues durant cette semaine : animations culturelles et sportives, soutien psychosocial, alphabétisation, consultations médicales, inspection des unités d’enquête, et rencontres entre magistrats pour enfants et tribunaux. Une mobilisation multisectorielle portée par la volonté commune de réhabiliter, plutôt que de marginaliser.
Au-delà de son caractère commémoratif, la Semaine du détenu s’impose comme un plaidoyer pour une justice plus humaine et plus inclusive. Dans un monde où les plus faibles sont souvent laissés pour compte, la Guinée choisit, en cette Journée Nelson Mandela, d’affirmer que chaque détenu reste un citoyen à part entière.
La cérémonie s’est conclue par la remise officielle des équipements aux détenus, suivie de prestations artistiques symbolisant la résilience et l’espoir.