CONAKRY-Il est au centre de tous les regards depuis l’ouverture du procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009, il y a deux mois et quelques jours. Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, jusque-là peu connu du grand public, est sous le feu des projecteurs. Sa conduite des débats depuis l’entame de ce jugement historique d’une affaire criminelle très sensible est scrutée de près. Humble, il allie clame et fermeté. Il recadre les écarts des parties au procès et remet de l’ordre dans les débats.
Mais qui est ce juge en passe de devenir un des plus célèbres magistrats du pays sinon même du continent ? Leperroquetguinee.com a enquêté un peu sur lui.
Ibrahima Sory 2 Tounkara est un pur fruit de l’école guinéenne. Né en 1977, à Conakry dans la capitale guinéenne, il est le frère d’un autre Ibrahima Sory 1 Tounkara, magistrat et président du tribunal de première instance de Kaloum, d’où son prénom Ibrahima Sory 2.
Ce magistrat calme et imperturbable a fait ses études primaires et secondaires au lycée 2 octobre de Kaloum, centre administratif et des affaires de la capitale. C’est là où il décroche entre 1994 et 1998, le diplôme de baccalauréat, département Sciences sociales.
Ibrahima Sory 2 Tounkara fréquente la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques option : département Droit Privé de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry de 2001 à 2003 où il sort avec le diplôme de DEUG (Diplôme d’études universitaires générales). Un an plus tard, il décroche le diplôme de Licence et Maitrise dans la même université.
Il est de la promotion 2007 de (CFDJ) où il est diplômé du Brevet de Magistrat au Centre de Formation et de documentation judiciaire du Ministère de la justice. ll entame sa carrière dans la Magistrature en juin 2009 en tant juge correctionnel au Tribunal de première instance de Kaloum-Conakry 1.
Trois ans après, il devient Juge correctionnel au tribunal de première instance de Mafanco, Conakry 3 jusqu’en 2014. Il assure la bonne marche de cette section à travers des décisions rendues en toute impartialité.
D’octobre 2014 à aout 2018, il est Président de la section correctionnelle au tribunal de première instance de Mafanco. Il est par la suite nommé président du tribunal de première instance de Macenta où il exerce d’aout 2018 à novembre 2019 avant d’être affecté au tribunal de première instance de Mamou de novembre 2019 jusqu’en décembre 2021.
05 décembre 2021 ! La Guinée enregistre un changement au sommet de l’Etat. Des militaires, à leur tête, le colonel Mamadi Doumbouya prennent le pouvoir par la force. Alpha Condé est tombé. Le CNRD (comité national du rassemblement pour le développement) engage de vastes chantiers un peu partout. Les nouvelles autorités inscrivent la lutte contre l’impunité au cœur de leurs actions. Elles réveillent plusieurs dossiers dont celui d’un massacre perpétré au grand stade de Conakry. C’était il y a juste treize ans.
L’appareil judiciaire n’est pas resté en marge de ce bouleversement. Le colonel Mamadi Doumbouya, fait le grand ménage au niveau des juridictions du pays. De Macenta en Guinée en forestière, Ibrahima Sory 2 Tounkara est nommé président du tribunal de première instance de Coyah. Il y restera du 29 décembre jusqu’au 19 septembre 2022 avant d’être nommé président de Première Instance de Dixinn.
Le gouvernement de la transition a fait du procès du 28 septembre 2009 une des priorités. Du haut de ses 45 ans, M. Tounkara est choisi pour diriger les débats. N’hésitant pas à taper du poing sur la table, ce juge est sans doute l’une des révélations de ce procès de par sa capacité à distribuer la parole entre accusés, partie civile et avocats de la défense. Une attitude qui ne surprend guère un de ses anciens collaborateurs.
Un homme respectueux de la procédure
« C’est quelqu’un qui est humainement très bien. Intellectuellement on n’en parle même pas. C’est un magistrat respectueux de la procédure. Il est calme et a un sens d’écoute irréprochable. Son attitude à ce procès ne me surprend pas. Il est au-delà de ce que les gens pensent de lui. Il est brillant et respectueux de la procédure et c’est sur la base de ces critères qu’il a été choisi pour conduire ce procès » commente un magistrat de siège qui l’a côtoyé bien avant l’ouverture de ce procès.
OB