Lex-président de la Centrafrique François Bozizé, aujourdhui à la tête de la principale coalition rebelle, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité à Bangui notamment pour « complot » et « rébellion », six mois après être passé en exil du Tchad à la Guinée-Bissau.

M. Bozizé, qui sétait emparé du pouvoir en 2003 par un coup dEtat avant dêtre renversé 10 ans plus tard par des rebelles, a été condamné jeudi à cette peine par contumace comme deux de ses fils et vingt autres co-accusés, dont des chefs rebelles importants.
Ils ont tous été condamnés aussi pour « atteinte à la sûreté intérieure de lEtat » et « assassinats », selon le jugement lu par Joachim Pessire, Premier président de la Cour dappel de Bangui qui juge en première instance pour les affaires criminelles. Le jugement ne précise ni les crimes ni la période concernés.
M. Bozizé, 76 ans, réfugié au Tchad jusquen mars 2023, date à laquelle il sest exilé en Guinée-Bissau, est le coordinateur de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), la principale coalition rebelle centrafricaine formée en décembre 2020 et qui poursuit une guérilla dans le Nord du pays. Ali Darassa, chef militaire en fuite de lUnité pour la Paix en Centrafrique (UPC), principale composante de la CPC, figure parmi les condamnés.
La guerre civile déchire la Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du monde, depuis 2013 lorsquune coalition de groupes armés dominés par les musulmans, la Séléka, a renversé M. Bozizé, lequel a ensuite organisé et armé des milices dites anti-balakas, majoritairement chrétiennes et animistes, pour tenter de reprendre le pouvoir.
Massacres
Des milliers de civils ont été massacrés jusquau paroxysme de la guerre en 2016 et lOnu a accusé la Séléka et les anti-balakas de crimes contre lhumanité, malgré la présence dune importante force de maintien de la paix de Casques bleus. Le conflit, extrêmement meurtrier les premières années, a considérablement baissé dintensité depuis 2018.

En décembre 2020, le président Faustin Archange Touadéra a appelé Moscou à la rescousse pour contrer une offensive de la CPC. La Russie a envoyé des centaines de paramilitaires de la société privée Wagner, en renfort de centaines dautres présents depuis 2018, qui ont largement contribué à repousser les rebelles.
Mais lONU et des capitales occidentales accusent larmée centrafricaine et Wagner — comme les rebelles — de commettre des crimes contre les civils, et le pouvoir de M. Touadéra de rémunérer les paramilitaires et des sociétés russes avec les ressources minérales du pays, notamment lor et le diamant.
Après plusieurs tentatives de putsch, François Bozizé était parvenu en 2003 à semparer du pouvoir par la force en chassant le président Ange-Félix Patassé. Son régime, miné par la guerre civile et la corruption, na jamais tenu ses promesses, linsécurité empêchant tout décollage économique.
Le général Bozizé, ancien chef détat-major de larmée, avait tenté un retour, par les urnes cette fois-ci, en 2020 en se présentant à la présidentielle mais sa candidature avait été invalidée par la Cour constitutionnelle, au motif quil était poursuivi pour des crimes présumés.
Elu en 2016, M. Touadéra a été réélu en 2020 dans un scrutin très contesté auquel deux électeurs inscrits sur trois navaient pas pu prendre part en raison notamment des violences. Fin juillet, une nouvelle Constitution a été votée par référendum à plus de 95%. Cette modification de la loi fondamentale permettre au président Touadéra, 66 ans, de briguer un troisième mandat en 2025.
AFP