Beaucoup ont pensé, naïvement peut-être, qu’avec la médiation des leaders religieux pour rapprocher les positions, le navire de la transition était enfin reparti pour arriver à bon port et faire entrer la Guinée dans le cercle fermé des pays africains où la démocratie et les droits de l’homme ont droit de cité.
Mais hélas, à la surprise générale, les Forces vives de Guinée reconstituées autour du RPG Arc-en-ciel d’Alpha Condé, de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, de l’UFR de Sidya Touré et du FNDC dissous par le MATD ont annoncé le 28 avril leur retrait des pourparlers avec le Gouvernement sous l’égide des religieux.
Et le 3 mai, elles ont donné, à travers un communiqué publié dans la presse, le calendrier de leurs prochaines manifestations de rue dans le grand Conakry et à l’intérieur du pays pour protester contre la manière dont la transition est conduite par le colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement. Six journées de manifestations pacifiques sont ainsi programmées du 10 au 25 mai 2023 (les 10 et 11 ; les 17 et 18 ; les 24 et 25).
Une annonce faite à un moment où de folles rumeurs circulent sur une prétendue mésentente entre certains membres du CNRD. Le jeudi 04 mai, sur le plateau de la télévision nationale, le général Sadiba Koulibaly, le chef d’état-major général des forces armées guinéennes, a dû faire une communication pour balayer toutes ces rumeurs le concernant et soutenir mordicus qu’il n’a aucun problème avec le général à la retraite Aboubacar Sidiki Camara « Idi Amin » (ministre de la Défense nationale), encore moins avec le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.
Au lendemain de leur prise du pouvoir, l’actuel locataire du Palais Mohammed V et ses compagnons du CNRD ont promis d’organiser des élections libres et transparentes pour remettre le pouvoir aux civils. Des élections auxquelles aucun membre d’un organe de la transition (Président de la transition, CNRD, CNT, Gouvernement) ne sera candidat, pour une question d’impartialité. Les Guinéens, tous bords confondus, ont alors grand intérêt à poser des actes allant dans le sens de la préservation de la paix pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Un échec de la transition en cours ne profiterait à personne. Ces 13 dernières années, les manifestations de rue ont fait de nombreuses victimes, au grand dam de leurs proches. Sans oublier les destructions de biens publics et privés. Tous les acteurs sociopolitiques devraient savoir raison garder pour éviter de jeter de l’huile sur le feu, avec toutes les conséquences que cela comporte. La Guinée est notre maison commune qui a besoin d’être protégée à tout prix. Faisons en sorte que cette transition soit la dernière en Guinée.