Une table ronde régionale d’envergure s’est ouverte ce lundi 20 octobre 2025 à Conakry pour cinq jours d’échanges et de réflexion sur les enjeux croissants liés aux crypto monnaies, aux ransomwares et à la coopération régionale en Afrique de l’Ouest, notamment entre la Guinée et le Sénégal. Organisée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en partenariat avec le ministère guinéen de la Justice et des Droits de l’Homme et l’ambassade des États-Unis en Guinée, cette rencontre s’inscrit dans le cadre du Global Programme on Cybercrime.

Le Garde des Sceaux, Yaya Kairaba Kaba, ministre de la justice et des Droits de l’Homme a présidé la cérémonie d’ouverture aux côtés de son cabinet, marquant l’importance stratégique accordée à cette initiative. Dans son allocution, il a souligné la double nature des technologies numériques

« Si l’évolution rapide des technologies numériques représente une formidable opportunité de développement, elle constitue également une source croissante de menaces pour nos économies, nos institutions et nos citoyens. Les crypto-monnaies en particulier, bien qu’elles offrent des perspectives d’innovation financière, présentent aussi des risques réels de détournement à des fins criminelles. Blanchiment d’argent, on l’a dit, financement terroriste, escroquerie en ligne, etc. Face à ces défis, il est impératif que nos systèmes judiciaires et nos institutions de sécurité développent une compréhension approfondie de ces phénomènes ainsi qu’une capacité d’action adaptée et concertée. C’est tout l’enjeu de cette table ronde qui vise à renforcer la coopération régionale et à mieux outiller nos sociétés. Nous avons donc besoin de nos magistrats, enquêteurs, banquiers et spécialistes du numérique pour détecter, enquêter et poursuivre efficacement les infractions liées aux technologies émergentes. » Le ministre a également mis en avant l’engagement de la Guinée, sous l’impulsion du chef de l’État, à moderniser son système judiciaire et à renforcer la sécurité numérique.

« La République de Guinée, sous l’impulsion du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, a engagé plusieurs réformes pour moderniser son système judiciaire et renforcer la sécurité renforcé la sécurité numérique. Elle s’inscrit donc pleinement dans la dynamique de consolidation de l’état de droit et de protection des citoyens à l’ère du numérique. Je vous invite à tirer pleinement profit de ces journées d’échanges et de réflexion. Que vos discussions contribuent à l’élaboration de stratégies concrètes pour anticiper, prévenir et combattre efficacement les menaces liées à la cybercriminalité.» a insisté Yaya Kairaba Kaba.

De son côté, Balla Kané, point focal du Global Programme Cybercrime pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a rappelé les acquis de l’atelier précédent tenu en juin 2025

Balla Kané, point focal du Global Programme Cybercrime pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre

« Nous avons constaté une progression notable dans la compréhension technique et juridique de ces phénomènes. Les acteurs présents ont démontré une vraie volonté d’apprendre et de transformer l’intelligence collective en capacités opérationnelles concrètes. »

Il a également appelé à une coopération régionale renforcée, soulignant que :

« Cette table ronde se tient dans un contexte régional où le Sénégal et la république Guinée, partagent non seulement des liens historiques et économiques forts, mais aussi des défis d’ordre cybernétique, judiciaire et opérationnel. Une coopération régionale efficace est devenue non seulement souhaitable, mais indispensable : elle permet d’harmoniser les cadres juridiques, de partager les meilleures pratiques, de mutualiser les capacités d’investigation et de poursuite, et de coordonner les réponses en cas d’incident transfrontalier »

Trois axes majeurs de travail ont été proposés par M. Kané pour guider les réflexions durant ces cinq jours :

Compréhension opérationnelle des cryptomonnaies et ransomwares ;

Renforcement des capacités et mécanismes de coopération ;

Intégration d’un cadre de réponse rapide et coordonné face aux incidents.

L’intervention du Directeur central de la police judiciaire guinéenne, Mohamed Keita, a mis l’accent sur l’urgence d’agir collectivement face à une menace transnationale.

Centrale de la Police Judiciaire à travailler en étroite collaboration avec les autres services spécialisés et les parquets nationaux et régionaux.

Cette table ronde se veut plus qu’un simple cadre de réflexion : elle ambitionne de jeter les bases d’une coopération régionale opérationnelle, stratégique et durable entre la Guinée et le Sénégal, face à des menaces numériques de plus en plus sophistiquées et transfrontalières. L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de sécuriser les économies numériques émergentes d’Afrique de l’Ouest, mais aussi de protéger les citoyens contre une criminalité en mutation constante. Les échanges des prochains jours devront déboucher sur des pistes concrètes, des engagements mesurables et une solidarité régionale renforcée, à l’image de l’esprit de coopération qui a animé les premiers discours.