Une session de formation des avocats, magistrats, greffiers, huissiers de justice, notaires et officiers de police judiciaire a démarré ce mercredi, 06 août 2025, à Conakry. Organisée par le Centre international en Afrique pour la formation des avocats francophones en partenariat avec l’ordre des avocats de Guinée grâce à l’appui financier de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), cet atelier de trois jours porte sur : l’évolution et la pratique de la désinformation ; la désinformation avant, pendant, et après le procès ; la saisie immobilière ; le cadre juridique de la lutte contre la désinformation ; l’effectivité de la lutte contre la désinformation ; les spécificités de la cassation devant la CCJA. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba.

 

Dans son mot de bienvenue, Maître Mamadou Souaré Diop, Bâtonnier de l’ordre national des avocats de Guinée s’est dit honoré et très satisfait de prendre la parole au nom du Barreau de Guinée.

« C’est avec un honneur renouvelé et une vive satisfaction que je prends la parole, au nom du Barreau de Guinée, à l’occasion de l’ouverture officielle de cette importante session de formation continue organisée à Conakry par le Centre International en Afrique de Formation des Avocats Francophones (CIFAF), avec l’appui de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) », a fait savoir le Bâtonnier de l’ordre des avocats.

Poursuivait, Maître Mamadou Souaré Diop a exprimé la gratitude du Barreau de Guinée au CIFAF pour le choix de Conakry pour abriter cette importante rencontre et remercié tous ceux qui ont contribué à sa réussite.

« Je voudrais, d’entrée, exprimer la profonde gratitude du Barreau au CIFAF pour avoir porté son choix sur Conakry, et remercier sincèrement le bailleur de fonds, ainsi que les autorités nationales qui ont facilité l’accueil et la tenue de cet évènement dans les meilleures conditions. La session qui nous réunit aujourd’hui revêt un caractère tout à fait particulier, non seulement par la qualité de son contenu scientifique, mais surtout par l’ouverture élargie qu’elle consacre à d’autres professionnels du monde judiciaire, au-delà du cercle habituel des avocats.

En effet, compte tenu de la sensibilité des thématiques abordées notamment la question des fausses nouvelles et de leur impact sur la justice pénale dans un contexte de transition politique marqué par des impératifs de sécurité, il est apparu essentiel de réunir autour de la même table l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale, pour un échange pluridisciplinaire et structuré. Il s’agit là d’un choix stratégique et inclusif qui honore l’esprit de responsabilité du CIFAF et confirme la vocation du Barreau de Guinée à œuvrer pour une justice moderne, collaborative et respectueuse de l’État de droit est aujourd’hui un enjeu majeur pour la stabilité des institutions, la crédibilité des procédures judiciaires, la sécurité publique, et plus largement, pour la démocratie elle-même. Face à ce fléau, la justice ne peut rester passive. Les avocats, en tant qu’acteurs essentiels de la vérité judiciaire et défenseurs des libertés, doivent se montrer vigilants et proactifs, d’autant plus dans un contexte de transition, où chaque parole mal interprétée peut avoir des conséquences graves. C’est pourquoi j’en appelle à l’engagement sans réserve de mes confrères à s’approprier pleinement les enseignements de cette session, à échanger avec rigueur, à questionner avec audace, et surtout, à intégrer ces nouvelles connaissances dans leur pratique professionnelle.

La formation continue n’est pas un luxe, elle est une obligation éthique et fonctionnelle dans un monde en constante mutation. Elle est le fondement de la compétence, la meilleure réponse aux crises, et la clef de l’indépendance véritable de notre profession », a indiqué le Bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée.

Pour sa part, Maître Arthur Balé, ancien Bâtonnier du Benin et Directeur du Centre International en Afrique de Formation des Avocats Francophones (CIFAF) que « cette session de formation organisée à Conakry est un palier atteint dans l’étroite collaboration que M. le bâtonnier de l’Ordre des avocats et le CIFAF ont mis en œuvre ».

« Cette fructueuse collaboration a permis que l’Organisation Internationale de la Francophonie notre partenaire, se joigne au souhait du Barreau de Guinée de toujours mettre à niveau la connaissance de ses membres, les avocats. Le CIFAF vous montre notre engagement et vous adresse ses félicitations.

Sur la thématique principale, le CIFAF attend que la participation active, tant des avocats que des membres de la compagnie judiciaire ici présente, qu’elle diffuse les sensibilités particulières que véhiculent le thème de fausses nouvelles. Il s’agit dans le contexte de liberté d’expression, souvent évoquée comme droit consacré, de polir les aspérités qui, dans la fausse nouvelle, affaiblissent la fiabilité de l’information et mettent en danger l’ordre public. Tous les intervenants dans la chaine pénale sont donc concernés au premier chef. Dans la compréhension collective de l’affaire de justice, la session devrait aider à croiser des thèses différentes, des aspirations renouvelées et à nourrir les projections judicieuses. Suivant le mot de M. le bâtonnier, un échange pluridisciplinaire est structuré et nous parviendrons à garder, sauver la liberté d’expression dont il est commun de soutenir qu’elle est autant un droit qu’une responsabilité », a-t-il affirmé.

Dans son discours d’ouverture, Yaya Kairaba Kaba,  Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme a salué l’organisation de cette session de formation tout en remerciant vivement ses initiateurs.
« C’est avec un honneur républicain sincère et un sens élevé de mes responsabilités ministérielles que je me tiens devant vous ce matin pour ouvrir cette importante session de formation organisée par le Centre international en Afrique de formation des avocats francophones, qui parle avec l’appui combien précieux de l’Organisation internationale de la francophonie, en partenariat avec l’Ordre des avocats de Guinée. Je voudrais ainsi exprimer toute ma gratitude pour l’invitation à présider cette session qui, d’autant plus, se tient dans ce bâtiment désormais historique, car ayant abrité le procès des événements tragiques du 27 avril 2009. Ce bâtiment porte en lui la mémoire. La violence et l’exigence de vérité. Deux réalités que le droit tente tous les jours de concilier sans relâche.
Thème d’une brûlante actualité, la désinformation est devenue une arme silencieuse et dévastatrice. Elle n’est pourtant ni théorique ni abstraite. Elle est concrète, urgente, existentielle. À coup de rumeurs, de montages, de publications mensongères, elle pénètre les prétoires, manipule l’opinion et parfois même influence la justice. Et comme l’affirmait le regretté Cheick Tidiane Diakhaté, haut magistrat et ancien président du Conseil constitutionnel de Sénégal, je cite « La justice n’a pas de prix, mais elle a un goût, celui de l’effort constant vers la vérité. » Mais que vaut une justice si elle est bâtie sur des vérités travesties, des faits déformés, des narratifs empoisonnés ? La désinformation, cette pathologie moderne de l’espace public, menace l’ordre public, menace la crédibilité de l’institution judiciaire, menace le droit du citoyen à une information fiable, et enfin, menace l’éthique professionnelle des acteurs de la chaîne pénale.
Dans un monde où une publication sur Internet peut faire tordre une réputation, où un montage audio peut faire condamner un innocent, il est vital pour les professionnels judiciaires de se tenir debout contre cette menace protéiforme. Une justice debout, ancrée dans le droit et la vérité.
Je tiens à saluer cette initiative audacieuse et nécessaire, car le droit sans vérité n’est qu’un échafaudage sans formation. Les magistrats, les avocats, les notaires, les officiers de police judiciaire, les greffiers présents ici sont les gardiens du temple, les arbitres du réel, dans une société où le virtuel se fait passer pour l’évidence. Le juge instruit, l’avocat plaide, le greffier authentifie, l’officier de police judiciaire constate. Mais tous, vous partagez une même exigence, celle de faire triompher le droit sur le bruit, le fait sur la fausse information. L’engagement du Ministère, formé, élevé, transformé, conformément à la vision éclairée du président de la République, son excellence, le général Mamadi Doumbouya est dans la droite ligne de notre plan de refondation judiciaire. Nous avons placé la formation continue au centre de notre politique, en facilitant plusieurs sessions, notamment, la formation des magistrats et greffiers sur le numérique et la cybercriminalité, la session de renforcement de capacités sur le droit humain, le droit au développement et les contentieux transnationaux, les partenariats avec les hommes professionnels, c’est-à-dire une justice agile, intègre et technologique, et la formation des officiers de police judiciaire et des magistrats sur la manipulation de l’information en période électorale. Cette session CIFAF s’inscrit parfaitement dans cette ambition, former pour résister à la manipulation, former pour restaurer la confiance, former pour servir la justice digne du peuple souverain de Guinée », a longuement expliqué le Garde des Sceaux.
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