Quand, le mercredi 21 avril 2021, dans l’émission ‘’On refait le monde’’ de nos confrères de Djoma média, la question du statut flou qui prévaut au ministère de la Citoyenneté et de l’Unité nationale a été posée au premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, il a préféré botter en touche. « Je puis vous assurer que dans les prochains jours, le statut sera défini ». A la limite, on peut comprendre la réponse agacée du chef du gouvernement. Parce qu’il est très peu responsable du fait que Mamadou Taran Diallo ne sache toujours pas sur quel pied danser. En effet, selon nos informations, c’est le président de la République en personne qui a fait le choix de reléguer le sort de son ministre dans les « oubliettes ». Ce, parce qu’il ne serait pas content du bilan politique de ce dernier.

Se confiant à son entourage, le président Alpha Condé a dit reprocher deux choses précises à Mamadou Taran Diallo. Primo : le peu d’investissement dont il aurait fait montre durant la campagne en faveur du troisième mandat. Deuxio : le fait que ce dernier se serait davantage préoccupé des victimes de l’opposition que de celles des forces de l’ordre ou de la mouvance présidentielle, dans le sillage des manifestations ayant jalonné l’année 2020.

Deux reproches que ne comprennent pas certains collaborateurs du ministre Taran au sein du ministère de la Citoyenneté et de l’Unité nationale. « D’abord, ces deux critères ne devraient pas logiquement déterminer le maintien ou le renvoi d’un membre du gouvernement », tient tout d’abord à faire remarquer un cadre du ministère. Mais à supposer qu’on les accepte comme tels, le président Alpha Condé ayant lui-même dit qu’il renverrait ceux qui n’auront pas mouillé le maillot, « on ne peut pas dire que le ministre ne s’est pas battu pour la réélection du président de la République. Au contraire, lui, Mouctar Diallo et Sanoussy Bantama Sow ont failli payer de leurs vies leur soutien au chef de l’Etat », retorque notre source au ministère de la Citoyenneté.

Un autre observateur pense qu’en réalité, le problème va au-delà de la personne de Mamadou Taran Diallo. « Il (le président Alpha Condé, ndlr) a très mal vécu la résistance dont le Fouta a fait montre dans la bataille contre le troisième mandatEn conséquence, il semble avoir décidé non pas de sanctionner la région, mais de renoncer à conquérir cette dernière », analyse le sociologue et activiste de la société civile. Ainsi, selon lui, ce n’est pas tant la défiance de Mouctar Diallo que le président Alpha Condé a sanctionnée en le renvoyant finalement du gouvernement. Il aura surtout estimé que la prétention de son ex-ministre de la Jeunesse était inacceptable au regard de l’impact de son action dans la région de la Moyenne Guinée. Autrement, nous apprend-il, Mariama Camara n’était pas non plus particulièrement contente de son limogeage du ministère de l’Agriculture. Mais elle avait, en ce qui la concerne, réussi à se faire entendre, d’où sa nomination ultérieure à la tête du ministère du Commerce. Selon notre source, c’est à l’aune du dépit avec lequel le président Alpha a vécu la forte résistance dont a fait montre la Moyenne Guinée qu’il faut également comprendre l’éclatement du ministère à la tête duquel trônait Sanoussy Bantama Sow. « Le fait de lui enlever la Culture et le Patrimoine historique était une sanction. S’il n’avait pas le passé qu’il partage avec le chef de l’Etat, il aurait même été très difficile pour lui de se maintenir dans le gouvernement », nous dit notre source.

Il y a donc, selon lui, une confusion de la part du président de la République. « D’une part, on a les actions posées notamment par les trois ministres, de l’autre, il y a le résultat sur le terrain. Il est vrai que si on ne s’en tient qu’à ces deux seuls paramètres, on est enclin à blâmer les ministres. Mais dans le cas présent, il y a une réalité sociologique et même politique qui fait que la Moyenne Guinée est en réalité le fief de l’opposition. C’est donc avec un sens de la finesse qu’il faut pouvoir apprécier les résultats obtenus par le pouvoir dans cette région. Ce que le président ne semble pas avoir fait », conclut notre observateur.